Bref rappel avant le sight 9 : il sera réduit mais il aura lieu. La De Beers s’adapte au marché ou, comme diraient certains, elle improvise. La société tente de répondre aux besoins changeants de ses clients. Malheureusement, ces besoins changeants ressemblent globalement à de la détrition.[:]
Selon une définition, la détrition désigne une détérioration causée par les frottements. Voilà qui paraît convenir parfaitement à la situation actuelle. Les fabricants sont fatigués, inquiets et usés par le rude combat mené l’année dernière pour continuer à faire tourner leurs usines, tout en maintenant le plus possible leurs effectifs, avec l’appui des banques. Le processus n’est pas simple et, comme les autres acteurs du marché, les miniers doivent s’adapter.
Les attentes pour le sight 9
Le marché n’a besoin que de très peu de brut pour l’instant, en particulier avec Diwali qui se profile à l’horizon. Au cours de la pause festive de 10 jours (entre le 6 et le 16 novembre), les installations de fabrication indiennes vont fermer. Le brut est donc quasiment inutile pendant toute cette période, même lorsque les conditions sont optimales.
Le sight de novembre sera très réduit et estimé entre 250 et 300 millions de dollars. Ces chiffres concernent bien l’ITO, non pas ce que les sightholders vont acheter. Dans le cadre des changements en cours, la De Beers leur propose désormais de reporter l’intégralité de leur attribution, soit 100 % de leur ITO de novembre pour décembre, sachant qu’actuellement, les sightholders n’ont pas besoin de marchandises.
Selon un sightholder, la plupart des marchandises devraient être reportées, jusqu’à 80 % en valeur, ce qui donnerait un sight amaigri, compris entre 50 et 60 millions de dollars. Or, cela pose une question : si l’industrie n’a pas besoin de plus de brut, pourquoi en acheter, même un peu ? Il existe à cela plusieurs raisons. Premièrement, on trouve quelques pénuries de taillé auxquelles il faut répondre. Les sightholders peuvent désormais demander des marchandises qui ne font pas partie de leur ITO, afin de satisfaire certains besoins.
Deuxièmement, les installations de taille en dehors de l’Inde tournent et doivent continuer à travailler. Enfin, la situation financière difficile inquiète les banques. Selon un initié, quelques sightholders ont même besoin de leurs banques pour s’assurer qu’ils travaillent.
La nouvelle facilité pour l’ITO, annoncée en août, qui permet aux sightholders de redistribuer leurs attributions sur les six sights suivants, était assortie d’une condition essentielle : 50 % des marchandises devaient être demandées au cours des trois derniers sights de 2015 (sights 8 à 10) et les 50 % restants début 2016 (sights 1 à 3).
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Cette année, les sightholders ont choisi de reporter un maximum de marchandises au sight 10 de décembre. Avec les importants refus et reports du dernier sight et le petit sight à venir en novembre, l’ITO pour décembre est estimée à plus de 1 milliard de dollars. Peu importe que la saison des fêtes soit optimale, l’industrie ne pourra tout simplement pas absorber 1 milliard de dollars de marchandises à la fin de l’année.
La De Beers le sait évidemment et ne devrait pas insister pour que ses clients achètent tout. À un certain moment, elle peut juger nécessaire de relâcher les engagements de l’ITO. La société n’aura d’autre choix que de clôturer l’année avec des ventes en baisse par rapport aux prévisions, même celles d’il y a seulement quelques mois.
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« Peu importe que la saison des fêtes soit optimale, l’industrie ne pourra tout simplement pas absorber 1 milliard de dollars de marchandises à la fin de l’année. »
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Avec un recul de la demande, l’approvisionnement provenant d’Okavango Diamond Company (ODC), le canal du brut au Botswana, n’est pas au niveau des prévisions et la prochaine semaine de vente pourrait même être annulée. Le marché actuel est mauvais pour l’économie du pays, qui repose lourdement sur les revenus tirés des diamants.
Des ventes à prix réduits pour la De Beers
Le contrat d’approvisionnement de la De Beers indique, dans sa section 7 : « La De Beers engagera des efforts raisonnables pour s’assurer que des boîtes assorties d’un même descriptif soient tarifées sur la même base. » Cela signifie qu’il n’est pas possible de vendre deux boîtes identiques à des prix différents au cours d’un même sight.
L’exception à cette règle concerne les Specials, des diamants de 10,8 carats et plus. Ils ne font partie d’aucune boîte standard ; l’entente pour ces marchandises stipule que le prix sera négocié entre la De Beers et le client.
De ce fait, les marchandises à prix réduit que la De Beers a vendues à quelques sightholders cet été et de nouveau en octobre entraient dans le cadre d’une offre combinée : prenez des boîtes standard à plein tarif et recevez des Specials à prix très intéressant. La facture globale montrait en effet une remise importante.
L’opération a entraîné, nous l’avons déjà dit, un sentiment très négatif chez les sightholders qui n’ont pas pu profiter de la remise. D’autres ont considéré que si la société était capable, en pratique, de baisser ses prix pour certains, elle pouvait le faire pour tous.
Notons que certaines des sociétés qui ont profité des bonnes affaires ne se sont pas précipitées sur le marché pour vendre les marchandises avec de grosses remises. Elles ont préféré les transformer. Le scénario était idéal pour la De Beers. Quelques autres ont vendu avec de fortes remises, à perte, ce qui a refroidi la De Beers et limité son envie de poursuivre cette pratique à long terme.
Après les articles de Rob Bates et Chaim Even Zohar sur ce sujet, la De Beers pourrait juger délicat de reproduire cette pratique en novembre ou en décembre. Elle risquerait de dégrader ses relations clientèle, chose que la société n’est pas prête à assumer.