Nous voilà confrontés à une intéressante contradiction : côté affaires, l’industrie se porte plutôt bien mais côté psychologique, c’est la pagaille. [:]
En réalité, l’humeur est probablement retombée à un niveau égal à celui de la récession. Bien sûr, les affaires ne sont pas aussi mauvaises qu’à l’époque, lorsque de nombreux détaillants et fabricants assistaient à l’effondrement de leur activité, avec des baisses allant jusqu’à 50 %. Aujourd’hui, l’ambiance est plutôt à la mollesse, avec l’absence de la dynamique espérée.
Alors pourquoi ce creux ? Voici quelques théories :
– Les gens sont déçus. Avec des données économiques qui semblent plutôt solides, nous pensions tous que l’industrie récolterait les fruits de ce sursaut. Or, selon le département américain du Commerce, les ventes de bijoux reculent depuis six mois. Cet écart entre espoirs et réalité contribue à l’abattement.
– Nous assistons à des regroupements d’entreprises dans l’industrie. Moins de joailliers, cela veut dire moins de ventes. Au bout du compte, les détaillants qui auront survécu récupéreront les affaires des autres mais pour l’instant, les choses sont toujours en train de se mettre en place.
– La génération Y. J’ai déjà écrit sur ce sujet la semaine dernière et de plus en plus de monde en parle. Ils achètent du bridal – qu’ils se réapproprient souvent en l’adaptant à leur goût – et parfois des charms, mais guère plus.
– Un manque de soutien publicitaire. Il s’agit d’un problème récurrent pour l’industrie – d’autres secteurs font mieux que nous en la matière. Beaucoup attendent d’ailleurs le retour d’un marketing générique. C’est peu probable, mais nous devons nous améliorer dans le domaine de la communication.
– Les prix des métaux sont en baisse, un facteur qui non seulement a lésé les joailliers qui dépendaient de ces transactions, mais a également engendré une baisse globale de la valeur moyenne des ventes.
– Le marché mondial est morne. L’Inde et la Chine s’essoufflent. Les marges des fabricants sont nulles. Cela pèse sur l’humeur de l’industrie, même si l’Amérique reste le marché le plus performant.
Ceci dit, il existe tout de même des signes encourageants. Nombreux sont ceux à réfuter l’étude de MasterCard qui montre 25 mois de hausse pour les ventes de bijoux, un chiffre qui semble contredire les données du département du Commerce. Or, Dione Kenyon, la présidente du Jewelers Board of Trade, m’affirme ceci, chose constatée par son groupe : « Les demandes de rapports de solvabilité augmentent pour la première fois depuis je ne sais combien d’années. Lorsque les chiffres progressent de 7 %, c’est important pour nous. »
Le JCK Las Vegas approche. Il donne généralement un coup de pouce psychologique à l’industrie, qui en a besoin.