La production de brut est restée essentiellement stable en 2014 et devrait afficher des niveaux similaires cette année. Certes, la De Beers devrait maintenir sa production, mais les hausses d’ALROSA devraient compenser les reculs d’autres sociétés.[:]
Avec la mise en place de nouveaux projets, la production devrait progresser en 2016 et 2017, avant de baisser graduellement à plus long terme. La De Beers a également prévu, dans son récent rapport Diamond Insight, que la production mondiale atteindrait un pic en 2017.
Les sociétés minières avancent avec prudence en ce qui concerne leurs mines de diamants et leurs projets de développement dans le monde. Elles entendent accorder leur offre à une demande restreinte, sur un marché actuellement peu dynamique. Toutefois, étant donné les coûts associés à la rétrogradation de leurs opérations, il est peu probable qu’elles réduisent leur production – sauf si la demande fléchit de façon encore plus drastique, comme en 2008-2009.
En outre, chez les grands producteurs, seules ALROSA et la De Beers disposent véritablement d’un volume suffisant pour influencer le marché avec leur approvisionnement. À l’heure actuelle, ni l’une ni l’autre n’a prévu de changer ses projets. En fait, les basculements de production des miniers, qu’ils soient moyens ou grands, devraient s’adapter à leurs projets d’extraction minière respectifs pour 2015, déjà en place.
ALROSA, le plus grand producteur en volume, a indiqué vouloir augmenter sa production de 5 %, pour atteindre 38 millions de carats en 2015. L’année dernière, les chiffres de la société russe ont chuté de 2 %, à 36,2 millions de carats. ALROSA accélère actuellement ses opérations dans les mines souterraines de Mir, Udachny et International. Deux nouvelles cheminées de kimberlite devraient être lancées au début de cette année. La cheminée de Botuobinskaya devrait atteindre un pic, aux alentours de 2 millions de carats par an. Celles de Karpinskogo-1 sont annoncées à 1 million de carats, même s’il faudra probablement attendre au moins jusqu’en 2016 pour que l’une ou l’autre atteigne sa pleine capacité.
Ces projets associés devraient suffire pour protéger la position d’ALROSA, celle du plus gros producteur de carats, conformément à sa stratégie pour stimuler la croissance par les volumes.
Au contraire, depuis quelques années, la De Beers se concentre sur la valeur qu’elle peut produire. Avec une production plus chère que celle d’ALROSA et, surtout, des initiatives de marque, la société devrait maintenir une production stable, au moins à court terme.
En 2014, la production de la De Beers a progressé de 5 %, à 32,6 millions de carats. Cette année, les chiffres devraient se maintenir aux alentours de 32 millions à 33 millions de carats. Ses projets à long terme sont stimulés par des expansions de ses mines phares de Jwaneng et Venetia. L’activité de Gahcho Kué au Canada – le seul nouveau développement de la De Beers, détenu en partenariat avec Mountain Province Diamonds, actionnaire à 49 % – devrait démarrer au second semestre 2016, avec une production annuelle prévue de 4,3 millions de carats. La De Beers devrait proposer des directives de production pour cette année, lorsque sa société-mère Anglo American aura publié ses gains, le 13 février.
En 2014, la production combinée d’ALROSA, de la De Beers, de Rio Tinto, de Dominion Diamond Corporation et de Petra Diamonds – qui représentent environ les deux tiers de la production mondiale – est restée stable, avec 92 millions de carats.
Seule Rio Tinto a enregistré une baisse de 13 %, à 13,9 millions de carats, en raison du passage d’un puits ouvert à des opérations souterraines dans sa mine d’Argyle et du fait que la société a accéléré la transformation de minerai de teneur inférieure. La production à Diavik, dont Rio Tinto possède 60 % et Dominion 40 %, est restée stable l’année dernière, avec un total de 7,2 millions de carats. En 2015, elle devrait pourtant baisser de 8 %, à 6,7 millions de carats, d’après les projets miniers approuvés par les deux sociétés.
Dominion se concentre principalement sur sa mine d’Ekati, au Canada. Sa production devrait atteindre près de 3,4 millions de carats en 2014 – la société publiera ses chiffres dans les semaines à venir. En 2015, le nombre de carats devrait augmenter, pour atteindre 3,8 millions environ. Les opérations se déplaceront entre les cheminées existantes du centre de la zone minière et Dominion préparera le développement de la cheminée de Jay dans la zone tampon, afin de stimuler la croissance à plus long terme.
Nous refusons souvent de regarder la vérité en face quand il s’agit de la production mondiale pour 2015. La mine de Grib, en Russie, qui appartient à Lukoil et a été lancée l’année dernière, devrait produire environ 2 millions de carats cette année, avant d’atteindre sa pleine capacité d’environ 4 millions de carats par an. De même, une mine plus petite, celle de Ghaghoo de Gem Diamonds au Botswana, lancée en septembre, devrait atteindre un rythme stable au deuxième trimestre, pour finir par produire près de 220 000 carats par an.
Au contraire, la production des concessions de Marange, au Zimbabwe, serait sur la pente descendante. L’extraction en surface s’épuise et les sociétés tentent d’évaluer la viabilité d’une extraction dans la roche conglomératique dure, en souterrain. Et même si les données officielles pour 2014 n’ont pas encore été publiées, le rapport Diamond Insight indique que le Zimbabwe a représenté près de 4 % de la valeur totale en 2013. Sa production, composée principalement du brut de Marange, a perdu 14 %, à 10,4 millions de carats cette année-là, d’après des données du Kimberley Process.
Les hausses et les baisses respectives semblent s’équilibrer. Le marché peut donc s’attendre à une offre stable de brut en 2015, à des niveaux généralement similaires à ceux de 2014.
Rien ne permet d’affirmer que la demande sera conforme à celle de l’année dernière. Nous pensons qu’au moins au premier trimestre, les sociétés minières conserveront des stocks plus volumineux que d’habitude, étant donné l’atonie régnant sur le marché du brut.
Quoi qu’il en soit, et malgré la faiblesse du marché, les sociétés minières ne se sont pas décidées à limiter leurs projets. Elles continuent de prévoir à plus long terme et à maintenir leurs opérations. L’année prochaine pourrait être plus délicate pour elles, puisque les analystes prévoient que la production de brut atteigne un pic en 2016 et 2017. Le temps et la demande de brut permettront de déterminer si une telle augmentation peut être garantie. Pour l’instant, les sociétés minières seront satisfaites si elles peuvent maintenir cet équilibre prudent dans leurs perspectives apparemment stables pour cette année.