(Rbc.ru) – Le ministère des Finances de la Fédération de Russie considère que le pays doit légiférer pour garantir que les diamants synthétiques et naturels soient vendus séparément.[:] Les vendeurs de bijoux doivent informer leurs clients du type de pierres qu’ils leur vendent. La surveillance de la bonne séparation entre les pierres naturelles et synthétiques devrait être réalisée par le Service fédéral de contrôle en matière de droits des consommateurs et de bien-être des personnes, en coopération avec la Chambre des analyses, chacun avec ses compétences.
Le ministère des Finances et ALROSA ont rédigé des amendements à la législation sur les pierres précieuses, qui obligeront les joailliers locaux à marquer les marchandises contenant des diamants synthétiques et à les vendre séparément.
Le ministère des Finances a soutenu l’amendement à la loi « Sur les métaux précieux et les pierres précieuses » lors des réunions organisées par le groupe de travail du comité de la Douma d’État sur les ressources naturelles, au printemps et à l’été dernier. Il précise que les artefacts affichant les caractéristiques (propriétés) des pierres précieuses ne sont pas des pierres précieuses. Alexander Ahpolov, le directeur du Service administratif du ministère des Finances, l’a expliqué à RBC mercredi 22 octobre.
Une fois le projet de loi adopté, il sera possible de modifier d’autres lois, afin de protéger les consommateurs lésés à cause de diamants synthétiques vendus à la place de diamants naturels. Alexander Ahpolov est confiant : les amendements à l’étude sont destinés à protéger les intérêts et les droits des consommateurs. Ils assureront une concurrence loyale entre des acteurs honnêtes sur le marché des métaux précieux et des pierres précieuses.
En tant que telles, les pierres synthétiques ne menacent pas l’industrie de la joaillerie – elles représentent un produit distinct. Les craintes d’ALROSA proviennent du fait que le brut synthétique (aussi bien que le taillé synthétique) est de plus en plus présent sur le marché, contrefaisant des diamants naturels. Les pierres sont vendues dans des joailleries, voire dans des boîtes contenant du taillé, qui s’échangent sur les bourses diamantaires.
Bien souvent, la « substitution » intervient sur le marché des petits diamants, pour lesquels la certification n’est pas obligatoire et qui ne sont pas vérifiés pierre par pierre. Selon Alexander Ahpolov, la falsification fait du tort aux acteurs de bonne foi de l’industrie, nuisant à leur réputation et à la confiance des clients.
Le ministère des Finances considère que la Russie doit légiférer pour distinguer la vente des diamants synthétiques de celle des diamants naturels. Les vendeurs de bijoux doivent informer les clients sur le type de pierres qu’ils leur vendent.
« Il nous faut une loi pour obliger les vendeurs de marchandises contenant des diamants synthétiques à fournir des informations complètes sur l’origine de ces pierres », a affirmé Alexander Ahpolov. Il considère que le Service fédéral de contrôle en matière de droits des consommateurs et de bien-être des personnes devrait assurer la surveillance de la bonne séparation entre pierres naturelles et pierres synthétiques, en coopération avec la Chambre des analyses, chacun avec ses compétences.
Selon les données fournies par Andreï Polyakov, le vice-président d’ALROSA, la Chine produit à elle seule environ 8 milliards de carats de diamants synthétiques. Ceux-ci sont destinés à des usages industriels et scientifiques, mais environ 5 % des consommateurs sont prêts à acheter des bijoux en diamants synthétiques, a-t-il affirmé. Il rejoint les hauts fonctionnaires du ministère des Finances pour dire qu’aujourd’hui, le principal objectif est d’obliger les maisons de joaillerie et les chaînes de bijouterie en Russie à prévenir les acheteurs si leurs marchandises contiennent des pierres synthétiques.
« Nous ne contestons aucunement la légalité de la commercialisation du taillé artificiel. Mais les vendeurs doivent désigner, à l’attention des acheteurs, et avant la conclusion de toute transaction, les pierres qui sont artificielles et celles qui sont naturelles. Nous n’avons pas encore établi de descriptif officiel pour le taillé artificiel et nous proposons qu’il en soit créé un », a-t-il annoncé. Les diamants artificiels sont ceux créés par l’homme, et non par la nature.
« Nous avons abordé ce sujet en 2013. Aujourd’hui, les détaillants font un pas vers nous, avec une question : comment garantir, de préférence à 100 %, que nos marchandises ne contiendront pas de diamants synthétiques ? Comment pouvons-nous les aider à résoudre ce problème ? En effet, si l’on découvrait des diamants synthétiques dans un bijou de prix, produit par une certaine marque, cela déclencherait un scandale en termes de réputation pour la société et en termes de confiance des consommateurs face à l’ensemble du marché. Il faut commencer par l’essentiel, c’est-à-dire essayer de restaurer la confiance des clients », a expliqué Andreï Polyakov.
Selon lui, si un consommateur reçoit plusieurs publicités présentant une bague en diamants vendue 1 500 roubles, il se demandera : « pourquoi cette pierre précieuse est-elle bradée ? »
« Si, jusqu’à présent, il a été possible de vendre du taillé, quelle que soit son origine, sans s’inquiéter de savoir s’il était synthétique ou naturel, il est difficile aujourd’hui d’évoquer un rétablissement de la confiance. Il faut renverser la situation. C’est le genre de travail que doit approfondir le marché russe. Lorsqu’on parle des plus grands marchés au monde, on évoque les États-Unis, la Chine et le Brésil, mais on oublie la Russie. L’industrie joaillière russe n’est pas en phase avec notre classe moyenne. Les Russes achètent donc des bijoux en diamants partout ailleurs, mais pas dans leur pays. Ils s’en procurent auprès de chaînes de bijouteries présentes en Russie et dans des boutiques qui leur proposent une qualité adaptée. Cette situation ne nous convenait pas. Nous en avons discuté avec la Jewelers Guild et décidé, en collaboration avec le ministère des Finances, de proposer un projet de loi à la Douma d’État, visant à introduire des amendements dans la législation », a expliqué Andreï Polyakov, reprenant l’historique des amendements préparés pour la loi.