Au vu des craintes persistantes relatives aux différentes normes de laboratoires, il est peut-être temps d’étudier la situation dans son ensemble.[:]
Dans Legacy of Leadership, où il narre l’histoire du GIA, William George Shuster raconte que le système actuel a été développé dans les années 50, en partie pour standardiser la nomenclature de certification des diamants. Il explique qu’avant que le système soit mis au point : « il y avait beaucoup de « certifications légères » – autrement dit des surclassements négligents – de la couleur des diamants par les négociants, les détaillants et les évaluateurs. Des termes comme « Rarest White », « River » ou « Top Wesselton », autrefois réservés aux diamants de couleur très supérieure, servaient à décrire des diamants d’une qualité plutôt inférieure pour les clients. »
Il semblerait que nous soyons de nouveau dans cette situation, avec des certifications clémentes, provenant de laboratoires qui utilisent la terminologie développée par le GIA mais ne certifient pas toujours selon ses normes.
Alors, quelle est la solution ? La première consiste à trouver une façon d’empêcher les laboratoires qui ne respectent pas l’échelle du GIA d’utiliser sa nomenclature. On ne connaît pas exactement les modalités d’application – autrement qu’au moyen des moyens actuels : les procès.
[two_third]Mais peut-être faudrait-il réfléchir autrement. Peut-être est-il temps d’inventer un tout nouveau système de certification. J’ai un peu évoqué ce sujet dans le podcast Four Grainer et, même si je doute toujours que cela arrive, lorsque j’en parle, personne ne me traite de fou (en tout cas, pas encore.)[/two_third][one_third_last]
« Peut-être est-il temps d’inventer un tout nouveau système de certification ? »
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La nomenclature de certification actuelle n’est pas protégée juridiquement. Tout le monde utilise les échelles de couleur et de pureté du GIA. Si le GIA – ou un autre groupe industriel – développait un nouveau système, celui-ci pourrait être protégé légalement. Bien entendu, si le GIA était seul à l’utiliser, cela pourrait gêner son adoption par le secteur. Alors peut-être l’échelle pourrait-elle être fournie sous licence à différents laboratoires, à condition qu’ils classent en fonction des critères définis (cela entrerait dans le cadre de la mission de service public du GIA.) Cela éviterait aussi la situation que nous connaissons actuellement, dans laquelle le système est si largement utilisé qu’il est victime d’abus.
Il existe d’autres raisons de moderniser le système. Il a été développé dans les années 50, il y a près de 70 ans. Depuis, la technologie a fait d’énormes bonds en avant. Il serait possible de développer une échelle moins subjective, qui donne des résultats plus reproductibles.
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Cela impliquerait une échelle simplifiée, dans laquelle les différences de grade seraient plus évidentes pour les utilisateurs. Lorsque le GIA a développé son échelle, il a lancé une série de tests pour établir si des observateurs remarqueraient la différence entre, par exemple, une taille classée « excellent » et une taille classée « très bonne ». Le système définitif a pris en compte ces commentaires.
Il s’agirait d’une formidable formule à appliquer à la couleur et à la pureté. Il est souvent difficile, pour des personnes extérieures au marché (et même pour ceux qui en font partie), de faire la différence entre une pierre E et une pierre F. Cela explique en partie les problèmes actuels. Si la plupart des consommateurs ne peuvent pas faire la différence entre ces grades, s’ils ne distinguent pas véritablement l’aspect d’une pierre, à quoi servent-ils vraiment ? Développons un système dans lequel les grades sont signifiants et cohérents – tant pour les clients que pour le marché. La nouvelle échelle pourrait également être plus transparente et les différences entre chaque grade publiées en ligne.
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« Si la plupart des consommateurs ne peuvent pas faire la différence entre ces grades, s’ils ne distinguent pas véritablement l’aspect d’une pierre, à quoi servent-ils vraiment ? »
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Pourtant, il existe tout autant de raisons pour que cela n’arrive pas. Le système actuel est tellement intégré à l’industrie que tout changement entraînerait un chaos et un bouleversement massifs. Et si les négociants devaient faire reclasser leurs pierres, cela donnerait encore plus de travail aux laboratoires du GIA – déjà confrontés à d’importants retards.
De plus, notre marché a du mal à affronter le changement. Mais lorsqu’on n’a pas d’autre choix, on s’adapte. Nous constatons tous ce qui se passe lorsque, par exemple, Facebook change l’aspect de sa page. Les utilisateurs ronchonnent, puis ils font tous avec. Et nous connaissons un précédent. Lorsque le GIA a créé un nouveau grade, beaucoup ont prédit le chaos. Mais au final, tout le monde s’est adapté et a survécu.
Alors, même s’il s’agit d’un projet à long terme, il est intéressant d’en discuter. L’industrie a connu d’énormes changements. Pourtant, elle continue de décrire les diamants à l’aide d’un système développé dans les années Eisenhower. Il est peut-être temps de passer à l’Échelle de certification Version 2.0.