En septembre 2011, le Botswana et la De Beers signaient un nouvel accord commercial de 10 ans, qui accordait une certaine influence à Gaborone, le plus gros producteur de diamants au monde en valeur.[:]
L’accord, antidaté au 1er janvier 2011, ouvrait la voie au géant du diamant pour le transfert de ses ventes de brut à Gaborone, mettant ainsi un terme à 100 ans de tradition, pendant lesquels les pierres africaines étaient envoyées à Londres.
Le déménagement des sights et des opérations de vente de la Diamond Trading Company (DTC) (y compris les professionnels, les compétences, l’équipement et la technologie) de Londres à Gaborone s’est achevé l’année dernière.
Le Botswana assemblait également les diamants des mines de la De Beers, en provenance notamment d’Afrique du Sud, de Namibie et du Canada.
Les opérations ont commencé en août 2012, deux mois avant la date prévue, mettant fin à 80 ans d’assemblage à Londres.
L’accord prévoyait également la mise en place d’un point de vente indépendant pour le gouvernement du Botswana. La structure devait ouvrir en 2011 et traiter 10 % de la production minière de Debswana, puis atteindre 15 % à l’issue d’une période de cinq ans.
En mars 2012, le Botswana créait déjà l’Okavango Diamond Company, bien que son lancement soit officiellement intervenu en septembre 2013.
Okavango a obtenu environ 20 millions de dollars sur des lots de diamants, proposés lors d’enchères pilotes en juillet dernier à Gaborone, la capitale du Botswana.
La société a alors organisé des ventes régulières grâce à sa plate-forme personnalisée d’enchères en ligne.
Elle prévoyait également de faire signer des contrats d’approvisionnement à durée fixe en 2014.
Ces avancées, a-t-elle indiqué, montraient que la société s’était formellement ouverte au marché mondial du diamant.
La success story du Botswana, pays qui détient 15 % de la De Beers et aurait pu en obtenir davantage s’il n’avait pas refusé l’offre, aurait pu inciter les Namibiens à créer une société pour vendre leurs diamants hors du cadre de la De Beers.
Actuellement, tous les diamants extraits par Namdeb, une co-entreprise entre le gouvernement namibien et la De Beers, sont exportés vers les installations de tri de la De Beers au Botswana et assemblés à d’autres marchandises du minier, issues de ses mines partout dans le monde.
Namdeb a produit 1,762 million de carats en 2013, soit environ 6 % de la production totale de la De Beers.
Seuls 10 % du total produit par Namdeb retournent en Namibie, pour être vendus à environ 12 sightholders locaux, par l’intermédiaire de la Namibia Diamond Trading Company. Cette structure est également détenue conjointement par le gouvernement namibien et la De Beers.
L’accord commercial en cours a expiré à la fin de l’année dernière et la De Beers aurait demandé une prorogation de six mois, alors que le gouvernement considérait la période trop longue.
Les pourparlers ont débuté au premier trimestre de l’année.
L’issue était attendue incessamment, étant donné que l’accord commercial de 2007 avait été prolongé jusqu’à fin juin.
Toutefois, l’industrie a eu un aperçu de ce qu’exigent les Namibiens de la De Beers.
« Nous vendons nos diamants dans le cadre d’une co-entreprise avec la De Beers, mais nous envisageons de créer une société pour nous passer d’intermédiaire », a annoncé Isak Katali, le ministre des Mines et de l’Énergie de Namibie, cité par Rapaport à l’assemblée du World Diamond Congress à Anvers.
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Si elle est constituée, la société permettra aux négociants et aux fabricants d’acheter des diamants directement à ce pays d’Afrique australe.
Reste une question que beaucoup poseront : la De Beers acceptera-t-elle un tel arrangement, qui réduira le nombre de diamants vendus par sa société commerciale ?
Peut-être la Namibie ne parviendra-t-elle pas à rapatrier l’intégralité des diamants produits, mais elle en récupérera un certain pourcentage, de la même façon que la De Beers en a concédé une partie au Botswana.
La seule façon pour la Namibie de vendre aux enchères tous les diamants extraits par Namdeb au sein de ses frontières consisterait à écarter la De Beers, mais la situation est tout à fait improbable.
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« La De Beers acceptera-t-elle un tel arrangement, qui réduira le nombre de diamants vendus par sa société commerciale ? »
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La désignation du ministre des Mines de Namibie au conseil d’administration de la Dubai Diamond Exchange (DDE) en mars dernier pourrait également être vue comme l’origine des exigences du pays.
Il ne fait aucun doute que la DDE voulait une part des diamants de Namibie mais le système actuellement mis en place par la De Beers freine ces ambitions.
L’issue des pourparlers sera très intéressante, même si, personnellement, je doute que la De Beers dévie du modèle qu’elle a appliqué au Botswana.