L’éthique des diamants recyclés

Michelle Graff

Début février, nous avons publié un article sur un nouveau programme appelé Sustainable in Style. Imaginé par le diamantaire Avilan, de Scottsdale, en Arizona, le programme associe des concepteurs indépendants – Sofia Kaman, Toby Pomeroy et Megan Thorne entre autres – aux diamants Storied Diamonds « éco éthiques » d’Avilan.[:] Ces pierres sont recyclées, elles ont déjà eu une histoire.

Les diamants recyclés m’ont toujours intéressée et font l’objet de davantage d’articles dans les médias ces derniers temps.

Marianne Riou écrit, sur le site Internet du diamantaire français Rubel & Ménasché, que les diamants recyclés « font de plus en plus parler d’eux » sur le marché américain. Brecken Branstrator lui-même, de National Jeweler, contribue à un nouveau site spécialisé dans les bagues de fiançailles d’occasion. Quant à Edahn Golan, d’IDEX Online, il pense que la « part » des diamants recyclés se rétrécit, au moins « jusqu’à la prochaine grande crise économique » (mauvais augure, M. Golan).

Parallèlement à tout cela, j’ai reçu un appel d’une journaliste d’un grand organe de presse. Elle m’a expliqué travailler sur un article relatif à la « tendance » croissante des jeunes de faire leur demande en mariage avec les bagues de fiançailles de leurs grands-tantes ou grands-parents. D’après elle, ils cherchent principalement à éviter les diamants du conflit et les « astuces marketing » associées aux diamants.

[two_third]Cependant, ce blog n’a pas pour but de traiter toutes les idées reçues sur les diamants, la façon dont l’industrie devrait en faire plus pour promouvoir ses avantages ou le ridicule de l’insinuation selon laquelle les diamants sont les seuls produits sur terre vendus par le marketing. Mes collègues font un excellent travail en la matière depuis quelque temps, comme l’a récemment souligné Rob Bates du JCK dans ce blog. Tous les liens qu’il propose sont aussi dignes d’être consultés.

Je vais aller plus loin et évoquer un aspect des diamants recyclés qui m’a toujours gênée : lorsque certains tentent d’en faire des marchandises socialement plus responsables que les diamants récemment extraits. L’histoire de l’industrie est longue et n’a pas toujours été irréprochable. Ce n’est pas parce que votre pierre est sortie du sol avant l’émergence de ce qu’on appelle les diamants du conflit qu’elle est parfaitement exempte de problèmes. L’absence de logements adéquats, la maltraitance des travailleurs, les problèmes de santé et de sécurité, entre autres difficultés parmi les multitudes qui existent, sont là depuis des décennies, depuis que les diamants ont été découverts en Afrique à la fin du XIXe siècle. Honnêtement, qui, selon vous, se porte le mieux : les mineurs d’aujourd’hui, dans un pays comme le Botswana, ou ceux qui procédaient à l’extraction sous domination coloniale au début du XXe siècle ?[/two_third][one_third_last]

« [L]’insinuation selon laquelle les diamants sont les seuls produits sur terre vendus par le marketing [est ridicule]. »

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J’ai soulevé ce point dans une récente interview avec Jana Hadany, la vice-présidente des opérations et de la durabilité à Avilan, car j’étais curieuse de connaître son opinion.

Mme Hadany admet effectivement qu’il n’existe aucun moyen de garantir l’origine éthique des pierres recyclées. La société, dit-elle, ne fait aucune revendication quant à l’origine de ses pierres lorsqu’elle vend ses « Storied Diamonds ».

« Nous ignorons dans quelles conditions ils ont été extraits. Ils pourraient très bien provenir de sources non éthiques », explique-t-elle.

Ils ont en revanche décidé de demander à SCS Global Services de certifier que tous leurs diamants sont post-consommation, autrement dit d’occasion.

Mme Hadany les compare à du papier recyclé. À l’instar du papier recyclé, qui provient en premier lieu d’un arbre qui a dû être abattu, les diamants recyclés sont issus de la terre, dont ils ont dû être extraits. En achetant recyclé, les consommateurs soucieux de l’environnement contribuent à ce que de nouveaux diamants ne soient pas extraits, tout comme ceux qui achètent du papier recyclé évitent une déforestation supplémentaire.

« C’est une sorte de mentalité d’achat neutre en carbone, explique Jada Hadany. C’est pour cela que vous achetez. Vous réduisez votre impact sur l’environnement. »

Il n’y a certainement rien de mal à cela, à condition que les consommateurs comprennent exactement ce que signifie – et ne signifie pas – acheter un diamant recyclé. Suite à ma conversation avec la journaliste et au vu des rapports négatifs qui apparaissent constamment dans les médias, je ne suis pas certaine que le message soit bien passé.

Source National Jeweler