Michael J. Kowalski, président et directeur général de Tiffany & Co., appelle ses confrères joailliers à prendre position contre le partenariat Pebble Partnership proposé pour la mine d’or et de cuivre de Bristol Bay, en Alaska.[:]
« Je pense que l’industrie de la joaillerie doit se faire entendre », confie-t-il à JCK. « Dans l’intérêt collectif de notre secteur, cette mine ne doit pas être construite. »
« Nous admettons que les mines sont essentielles à nos affaires », continue-t-il. « Les clients veulent des pierres et des métaux précieux extraits de manière responsable. Les clients des joailliers veulent une chaîne d’approvisionnement transparente et respectueuse, qui leur permet d’avoir bonne conscience. »
La mine suscite une vive controverse. Les groupes environnementaux rallient des membres contre le projet, et le sénateur d’Alaska, Mark Begich, a exprimé son opposition.
Tiffany s’est déjà soulevé contre le projet dans le passé. En 2008, le groupe a présenté la projection d’un film anti-mine. Mais Michael Kowalski trouve que le calme règne davantage depuis quelques temps ; on attend la publication de l’évaluation des bassins de la mine, réalisée par l’EPA, l’agence américaine pour la protection de l’environnement.
En janvier, l’agence a communiqué son évaluation, avançant que la construction de la mine présente de « nombreux risques » pour l’écosystème de la région, en particulier pour les cours d’eau riches en saumons et pour les zones humides. À présent, Michael Kowalski annonce que Tiffany prévoit à nouveau de s’exprimer haut et fort, et que le groupe va publier des annonces exhortant l’EPA à empêcher sa construction.
Le Pebble Partnership a répondu que le verdict de l’EPA « laissait à désirer », soulignant qu’il se basait sur une « mine hypothétique ».
Mais Michael Kowalski a contré l’argument en avançant que l’idée même d’installer une mine d’or et de cuivre dans le plus important vivier de saumons au monde laissait à désirer en soi.
« Nombreux sont ceux qui, avec la meilleure volonté du monde, ne comprennent pas pourquoi on voudrait construire une mine dans cette région », commente-t-il. « Il faudrait construire le plus grand bassin de retenue de résidus au monde. Il y a tellement de chances que cela tourne à la catastrophe qu’on imagine difficilement une entreprise minière quelle qu’elle soit poursuivre ce projet. »
Il souligne que l’ancien partenaire Anglo American a déjà retiré ses billes du projet, et que Rio Tinto a annoncé qu’il envisageait de se séparer de Northern Dynasty, propriétaire à 100 % du projet.
Le texte suivant est une lettre ouverte que Michael Kowalski adresse au secteur sur la question :
« L’EPA a rendu son évaluation finale sur les effets probables du projet Pebble Mine à Bristol Bay, en Alaska, le plus important vivier de saumons au monde. Les conclusions scientifiques sont claires et ne laissent aucun doute. L’étude scientifique approfondie de l’EPA confirme qu’il est impossible de créer une énorme mine d’or et de cuivre au cœur de cet environnement des plus sains et fertiles sans détruire des kilomètres de cours d’eau, des centaines voire des milliers d’hectares de zones humides, et de mettre en danger les moyens de subsistance de milliers de personnes qui dépendent de la pêche au saumon.
Il est temps que les joailliers américains fassent entendre leur voix. Nous reconnaissons que nos affaires dépendent d’une industrie minière saine qui extrait les matières précieuses que nous utilisons, mais nous savons également qu’il existe des endroits magnifiques où il ne faudrait jamais construire de mines. Bristol Bay est l’un de ces endroits. Mitsubishi et Anglo American se sont déjà retirés du projet Pebble, et Rio Tinto est en train d’y réfléchir. Les joailliers américains devraient se joindre aux natifs d’Alaska, aux pêcheurs professionnels et sportifs, aux élus et aux citoyens inquiets qui prennent position contre le développement de cette mine.
Nous vous exhortons à encourager l’EPA à exercer l’autorité que lui confère le Clean Water Act afin qu’elle protège, pour le bien de tous les Américains, cette incroyable ressource naturelle et les milliers d’emplois liés à la pêche commerciale et sportive qui en dépendent. Nous savons que d’autres mines d’or et de cuivre se développeront. Mais nous ne trouverons jamais un endroit aussi majestueux et fertile que Bristol Bay. »