Les professionnels du secteur le savent bien, le principal objectif du régime de certification du Kimberley Process (KPCS) est de limiter le commerce des diamants du conflit. [:]Certes, les pays membres ont beaucoup œuvré ces dix dernières années pour y parvenir, mais des voix se sont élevées dernièrement, posant la question de savoir si cela suffisait.
Cette question est à l’ordre du jour de la séance plénière de 2013 du KPCS, prévue du 19 au 22 novembre.
Qu’est-ce que le KPCS ?
Bien que cette année soit présentée comme le 10ème anniversaire du KPCS, le site Internet de l’initiative stipule que les premières discussions ont eu lieu au printemps 2000. À l’époque, les États producteurs de diamants d’Afrique australe se sont réunis à Kimberley, en Afrique du Sud, pour tenter de mettre fin au commerce des diamants du conflit. Ils entendaient « s’assurer que les achats de diamants ne finançaient pas la violence des mouvements rebelles et de leurs alliés. »
Pendant les deux années qui ont suivi, les négociations entre les gouvernements, l’industrie internationale du diamant et des organisations de la société civile ont abouti au KPCS. En 2003, les pays participants avaient commencé à appliquer les règles établies, notamment :
• mettre en œuvre des contrôles internes, et surveiller les exportations et les importations
• s’engager à appliquer la transparence et l’échange de données statistiques
• ne travailler qu’avec les participants qui répondent aux exigences minimum du KPCS
Actuellement, le KPCS regroupe 54 participants, qui représentent 81 pays. Ensemble, ils comptent pour environ 99,8 % de la production mondiale de brut, selon le site Internet du KPCS.
Séance plénière de 2013
S’exprimant lors de l’allocution d’ouverture de la séance, Susan Shabangu, la ministre sud-africaine des Ressources minérales, citée par AllAfrica, a déclaré que « compte tenu des turbulences rencontrées par l’industrie du diamant depuis la crise financière mondiale », le travail accompli par le KPCS est désormais plus important que jamais.
En conséquence, d’après elle, les membres du KPCS étudient, depuis quelques années, « les objectifs fondateurs de l’initiative et l’ampleur » de leur application. Selon le China Daily, elle aurait déclaré que la séance de cette semaine est d’une importance capitale. « Le travail de la commission ad hoc donnera une indication sur la direction qu’entend prendre le KPCS. »
Welile Nhlapho, qui représente l’Afrique du Sud lors de la séance, espère que lui et d’autres délégués vont ainsi pouvoir « identifier les lacunes de l’organisation et renforcer la lutte contre les diamants du conflit », a récemment indiqué un article de Deutsche Welle.
Dans la même tendance, Shamiso Mtisi, un représentant de la coalition de la société civile au KPCS, a déclaré à cette publication que le KPCS doit accélérer les changements. Il doit « rendre obligatoires le contrôle et l’autorisation des mines de diamants, offrir une sécurité efficace et accorder des licences à des miniers artisanaux, si nécessaire. »
Reste à savoir ce qui se passera si le KPCS n’apporte pas les changements attendus par des représentants tels que Welile Nhlapho et Shamiso Mtisi.
L’une des issues possible serait le départ des membres. Cela s’est déjà produit à une occasion. L’an dernier, Diamond Investing News avait annoncé la renonciation de Global Witness, une organisation non-gouvernementale internationale, dont le rôle avait été primordial pour la création du KPCS. L’organisation avait avancé un système « de plus en plus obsolète », lié à son « refus d’évoluer et d’aborder les liens évidents qui existent entre les diamants, la violence et la tyrannie. »
« Malheureusement, près de neuf ans après le lancement du Kimberley Process, la plupart des consommateurs ne sont toujours pas assurés de la provenance de leurs diamants. Ils ne savent pas non plus s’ils financent des conflits armés ou des régimes violents », a déclaré dans un communiqué de presse Charmian Gooch, un directeur fondateur de Global Witness.
Pourtant, nous l’indiquions, aucun membre n’a menacé de partir. Les acteurs du secteur feraient bien d’écouter attentivement ce que les participants vont déclarer à l’issue de la séance.