Récemment, les articles relatant la vente de mêlées synthétiques sans déclaration abondent. Comment l’industrie doit-elle gérer cette situation ?[:]
Sur le plan positif, la De Beers a développé un système présenté comme un détecteur de mêlées synthétiques. Je me dois d’expliquer que j’ai commis une erreur dans mon billet de la semaine dernière. La De Beers ne propose pas l’appareil sur le marché au sens large, mais uniquement à ses clients (qui le testent actuellement). Il y a de quoi décevoir. J’espère que la société, qui connaît l’importance de la confiance des consommateurs dans cette activité, proposera cet appareil au reste de l’industrie, du moins aux principaux laboratoires.
Le Gemological Institute of America, pour sa part, avait déjà évoqué un détecteur de mêlées synthétiques, pour finir par reculer. La situation ne semble pas avoir évolué, mais le laboratoire travaille à améliorer ses instruments, selon son porte-parole, Stephen Morisseau.
Pour l’heure, la meilleure option des négociants consiste à faire vérifier leurs pierres par un laboratoire. Le GIA propose un service « low-cost » de détection des pierres synthétiques (plus d’informations ici). Le laboratoire Analytical Gemology & Jewelry de New York évoque depuis longtemps sa méthode de test par lots et vient d’en sortir une nouvelle version. Quant à l’International Gemological Institute, il a aussi élaboré des services de dépistage et de test par lots.
Toutefois, avertit Roland Lorie, le co-PDG d’IGI, le processus, en plus de ne pas être généralement rentable pour les mêlées et les pointers, peut se révéler assez long.
« La détection des cinq points et plus est plutôt facile, affirme-t-il. Mais il faut plus de temps pour contrôler les moins de cinq points. C’est peut-être difficile à imaginer, mais il est plus coûteux de vérifier un trois carats qu’un trois points. L’opération est faisable. Mais il faudra du temps avant qu’un équipement rapide et précis puisse remplacer la technique humaine. »
Pourtant, Roland Lorie se demande si l’industrie a raison de s’agiter.
« Selon moi, tous les discours sont exagérés, explique-t-il. Pour l’instant, je considère que cette panique est sans fondements. Nous avons vérifié un grand nombre de mêlées la dernière semaine et tout va bien. Nous découvrons bien moins de pierres synthétiques que ce que l’on entend dire un peu partout. On peut parfois découvrir quelques synthétiques dans une bague. »
Le GIA n’a constaté « aucune reprise sensible du nombre des synthétiques, déclarés ou non, présentés pour certification », explique Stephen Morisseau. La De Beers a affirmé également ne pas avoir trouvé de pierres non déclarées dans les diamants que ses clients ont examinés.
Cela ne signifie toutefois pas que nous devons nous montrer complaisants. Les incidents épars qui, certes, ont bien eu lieu, restent trop peu nombreux.
« L’industrie doit prendre les choses en main, explique Roland Lorie. Nous avons probablement trop attendu ; nous savions tous que cela allait arriver. Espérons que, désormais, les gens réagissent. Les diamants synthétiques représentent un véritable marché, mais il doit être géré avec soin. Le pire, pour tout le monde, serait que les consommateurs perdent confiance dans le produit. »
« Au fil du temps, explique-t-il, les équipements vont s’améliorer. Imaginez un ordinateur. Vous êtes d’abord infecté par un virus, puis vous recevez l’antivirus. »