Les données publiées par le Kimberley Process (KP) montrent que la République démocratique du Congo (RDC) a produit 21,524 millions de carats l’an passé.[:]
Malgré cette production importante, les diamants de ce pays d’Afrique centrale n’ont été évalués qu’à 183,1 millions de dollars.
Le contraste avec l’Angola est saisissant : le pays a produit 8,330 millions de carats sur la même période, mais ces diamants ont été évalués à 1,11 milliard de dollars, faisant de l’Angola le quatrième pays producteur en valeur dans le monde.
L’Afrique du Sud, qui a produit 7,077 millions de carats en 2012, a elle aussi battu la RDC à plate couture : ses diamants ont été évalués à 1,03 milliard de dollars.Et comme si cela ne suffisait pas, même le Zimbabwe a dépassé la RDC en termes de valeur.
D’après le KP, le pays d’Afrique australe a produit 12,060 millions de carats pour une valeur de 644 millions de dollars.
On pourrait même parler du Botswana, qui a engrangé 2,98 milliards de dollars pour ses 20,554 millions de carats la même année, ou la Russie, à qui sa production de 34,927 millions de carats a rapporté 2,87 milliards de dollars.
Cela fait déjà un moment que la faible valeur des diamants de RDC pose problème.
En 2011, la RDC a produit 19,2 millions de carats, devenant le deuxième plus important producteur africain en volume après le Botswana, qui a produit 22,9 millions de carats.
C’était également le troisième plus important producteur en volume du monde.
Mais en ce qui concerne la valeur, tout n’est pas rose : le pays d’Afrique centrale a exporté 18,8 millions de carats pour une valeur de 335 millions de dollars.
La qualité des diamants de RDC s’est révélée médiocre, car la plupart des exploitations minières étaient très petites.
Les dépôts alluviaux (placers) de diamants de RDC sont exploités artisanalement le long du Bushimaïe et du Lubilash, affluents du Sankuru (mine de Bakwanga) proches de la ville de Mbuji-Maye (autrefois Bakwanga) dans la province du Kasaï oriental, et le long du Tshikapa (mine de diamants Forminière) dans la province du Kasaï occidental.
On estime qu’il y aurait plus de 700 000 mineurs artisanaux en RDC, en partie encouragés par la loi passée en 1981 obligeant la Minière de Bakwanga (MIBA), entreprise publique d’extraction de diamants, à leur ouvrir la majorité de ses terrains.
Selon Global Witness, le secteur minier industriel de RDC serait ruiné, et incapable de produire une telle quantité de carats chaque année sans l’aide des petits mineurs.
Cependant, des efforts ont été faits récemment pour stimuler l’extraction industrielle de diamants dans le pays.
Bloomberg rapporte qu’en mars dernier, le groupe chinois Anhui Foreign Economic Construction a créé une société commune avec le gouvernement congolais pour extraire des diamants de la province du Kasaï oriental.
Cette société, la Société Anhui-Congo d’Investissement Minier Sprl, ou SACIM, dispose de deux permis d’exploration à Tshibwe, à environ 50 km de Mbuji-Mayi, principal centre de commerce de diamants du pays.
Elle remplacerait la Société Congolaise d’Investissement Minier Sprl, détenue par l’État.
Cette société détenue à 50 % par chacune des parties devrait produire 6 millions de carats par an d’ici 2016. Anhui paierait 4,2 millions de dollars pour la moitié, ainsi qu’une prime d’entrée en service de 61 millions de dollars.
Elle investirait par ailleurs 100 millions de dollars dans les infrastructures.
De son côté, la RDC recevrait d’emblée 9,15 millions de dollars de prime d’entrée en service, et 10,1 millions supplémentaires à la production.
Bloomberg ajoute que les deux signataires de la coentreprise souhaitent ouvrir la société au public.
En plus de cette association avec la Chine, de nouveaux projets industriels sont attendus en RDC.
Delrand Resources a annoncé le mois dernier qu’il avait identifié plusieurs cibles à « haut potentiel » lors de ses activités d’exploration au sud de la République démocratique du Congo (RDC).
Il a ajouté que des actions complémentaires seraient menées suite à l’étude d’une importante base de données d’exploration, en accord avec Rio Tinto, permettant d’explorer des zones de plus de 100 000 km².
« L’entreprise a maintenant commencé à exploiter et explorer davantage ce qui est sans doute la base de données d’exploration la plus complète jamais constituée sur la RDC », commente Mike de Wit, président de Delrand.
Le programme d’exploration a permis d’identifier des permis dont les échantillons contenaient des grenats lherzolitiques formés sous une pression minimum de 53,4 kilobars.
Ces grenats, associés à de l’ilménite kimberlitique en abondance, proviennent probablement des kimberlites fournissant des diamants.
La RDC a sans aucun doute le potentiel pour devenir l’un des principaux producteurs de diamants en valeur dans le monde, si ces projets se concrétisent et qu’elle commence à extraire des diamants de qualité.