L’industrie sud-africaine de la taille est en plein désarroi, indique Ernie Blom, le président de la World Federation of Diamond Bourses. Il rappelle qu’il y a 20 ans, l’industrie comptait 4 500 tailleurs, contre moins de 600 actuellement.[:]
Ernie Blom note que, pour que l’industrie retrouve sa gloire passée, le gouvernement doit comprendre les éléments qui gênent sa croissance.
« Les relations entre le gouvernement et l’industrie doivent se développer davantage. L’industrie est notamment fortement freinée et limitée par le manque de consultation entre les deux parties », explique-t-il. Selon lui, l’industrie et le gouvernement doivent identifier les facteurs à traiter à un niveau multilatéral.
Ernie Blom affirme que l’industrie, en Afrique du Sud, n’est pas compétitive au niveau mondial et qu’il convient de prendre des mesures pour la rétablir sur la scène internationale.
« La main-d’œuvre doit être formée selon des normes internationales acceptables. Celles-ci sont actuellement très élevées. Nous devons organiser des stratégies de formation durables pour les diamantaires, et non des solutions à court terme, sans impact réel. »
« Les contraintes, les règles de contrôle des changes, l’offre de brut et les difficultés de l’environnement d’exploitation doivent être identifiées et traitées en conséquence », dit-il.
Dans le même temps, Ernie Blom affirme que le développement de différents programmes d’analyse informatiques, utilisés pour la taille de brut, représentent une véritable innovation pour l’industrie.
« La technologie de la taille est conçue en Israël, en Inde et en Belgique. Ces pays sont des leaders et des innovateurs en la matière. D’ailleurs, les résultats se sont largement améliorés depuis un an », dit-il. Il affirme que les outils et les machines automatisées ont également connu des améliorations majeures.
Ernie Blom rappelle que l’exploitation minière du brut en Afrique du Sud représente 1,4 milliard de dollars par an, ce qui place le pays au quatrième rang mondial.
« Les plus grands producteurs en valeur sont le Botswana, la Russie, le Canada et l’Afrique du Sud », fait-il remarquer.
Il explique que l’Afrique du Sud connaît d’importants besoins en éducation et en formation professionnelle. Or, les établissements de formation, principalement internes, ne sont pas équipés pour offrir des compétences commercialisables, qui pourraient être utilisées dans le monde entier.
« La formation a principalement lieu à Johannesburg, à l’académie Oppenheimer. De plus, Mintek, une société de produits et services d’ingénierie métallurgique et de transformation du minerai, mène également des recherches discrètes visant à découvrir l’origine du brut. Or, les recherches ont principalement lieu en Inde, en Russie et en Belgique », affirme-t-il.
Ernie Blom ajoute que la Chine et les pays du littoral asiatique disposent également d’excellentes installations de formation.
D’après lui, le plus fort potentiel de croissance se retrouve dans le secteur de la valorisation, à condition qu’une formation correcte y soit dispensée.
« L’industrie se montre solide partout dans le monde. Elle s’est complètement remise de la récession de 2008. C’est en Inde qu’elle est actuellement la plus importante, avec un million de tailleurs. L’industrie chinoise était inexistante il y a 20 ans, elle compte aujourd’hui 60 000 tailleurs. Au Botswana, les tailleurs sont passés de 300 à 3 000 ces dernières années », dit-il.
Ernie Blom explique également que la demande et l’offre des consommateurs, entraînées par l’Inde et la Chine, ont augmenté pour le taillé et les bijoux en diamants.
« L’industrie locale va être confrontée à des contraintes d’approvisionnement au cours des dix prochaines années. La demande des consommateurs va dépasser l’offre de brut. Actuellement, aucune nouvelle mine ne permet d’atténuer ce problème. »
« L’industrie de l’Afrique du Sud est arrivée à maturité. Elle ne se développe pas comme celle de l’Angola ou de la République démocratique du Congo. Les poids lourds de l’industrie devraient commencer à travailler sur des solutions aux problèmes d’approvisionnement et de demande auxquels ils seront confrontés à l’avenir », conclut-il.