Un passage du Talmud dit : « La vache veut davantage nourrir le veau que ce qu’il veut téter. » Aujourd’hui, le marché du brut illustre parfaitement cela : les miniers veulent abreuver les fabricants en brut, au-delà de ce qu’ils sont prêts à acheter. [:]Les marchandises s’échangent donc à bas prix et beaucoup ne trouvent pas preneurs.
Lors du dernier sight de la DTC, environ 5 % à 10 % des marchandises (en valeur) n’ont pas été vendues. Les sightholders ont jugé que leurs prix étaient trop élevés ou qu’ils ne pourraient pas les revendre sur le marché secondaire.
Le marché secondaire, généralement plus rémunérateur, n’était donc pas disposé à débourser plus à l’issue du dernier sight. Actuellement, les prix du brut de la De Beers sont jugés élevés. Ainsi que l’a déclaré un initié : « il aurait fallu refuser davantage de marchandises. » Selon lui, le message serait ainsi mieux passé : les prix sont trop élevés.
Le marché réagit évidemment à cette situation. À Anvers et Mumbai, le commerce du brut a ralenti en mai par rapport à avril. Les importations de brut à Anvers ont chuté de 26 % et les exportations ont diminué de 20 %.
En Inde, les importations ont reculé de plus de 14,5 % et les exportations de près de 44,5 %. N’y a-t-il pas là une leçon à tirer ? Si, bien entendu.
Les négociations sur le marché secondaire influent grandement sur les politiques de fixation des prix de la DTC, et notamment lorsque les prix augmentent. Dans ce cas, les faibles premiums obtenus par les sightholders devraient entraîner des baisses de prix.
Aux lendemains du sight de juin, estimé à 550 millions de dollars, une fois les marchandises retournées, les échanges ont été restreints, affichant de très faibles premiums, en particulier pour les marchandises les moins chères. Les boîtes les plus populaires n’ont pas non plus suscité de véritable engouement.
Ainsi, les Crystals de 2,5 à 4 ct étaient peu demandés. Selon les courtiers de brut Bluedax, les offres pour la boîte étaient de 2 % inférieures aux tarifs de la DTC.
De faibles premiums
De nombreuses boîtes se vendaient à crédit, et non contre des espèces. Certains MB de 2,5 à 4 ct se sont échangés avec un premium de 4 % pour un paiement en espèces, un premium de 5 % à 30 jours et de 6 % à 60 jours. Les Cubes -7+5 se sont vendus pour un premium de 1 % à 120 jours. Ces conditions de paiement correspondent à celles que les détaillants américains avaient négociées avant la crise de 2008.
Situation de quelques autres articles :
- Les Cubes 3 gr +7 se sont vendus au tarif, +1,5 % en espèces
- Les Cubes 4-8 ont bénéficié d’un premium de 4 % pour un paiement en espèces
- Pour les Collection de 2,5 à 4 ct, 3 % à 60 jours
- MB Clivage 3 gr +7, vendus au niveau du tarif, à 60 jours
- MB High 3 gr +7, vendus au niveau du tarif, en espèces
- MB High -7 +3, avec un premium de 4 % à 60 jours
- MB Low -7+3, au niveau du tarif, à 60 jours
- Certains MB de 5 à 14,8 ct se sont échangés avec un premium de 2,5 % à 4 % en espèces.
Pour rappel, un premium limité n’entraîne pas forcément des bénéfices. Sur le prix des marchandises, les sightholders règlent à leurs courtiers une commission de 1 %, plus 1,5 % supplémentaires à la DTC pour les Services à Valeur Ajoutée (VAS), communément appelés la « taxe DTC ». Ainsi, tout premium inférieur à 3 % engendre une perte.
Par conséquent, un article qui s’est vendu au niveau du tarif, avec un crédit à 60 jours, entraîne une triple perte : les honoraires du courtier, le VAS et le coût de l’argent. Ces trois postes constituent une dépense pure et simple, donc une perte. Les sightholders, généralement disposés à payer, simplement pour faire bonne figure devant leurs sources de financement, effectuent ce type d’échange. Ils se débarrassent des marchandises pour présenter un chiffre d’affaires à la banque et se montrer aptes face à la De Beers.
Il n’est pas évident de savoir si la DTC a vraiment augmenté ses prix lors du dernier sight. La composition de la boîte a quelque peu changé en raison des disponibilités. De l’avis général, les prix ont été légèrement ajustés.
Quant aux prix d’ALROSA, ils ont augmenté. Selon une estimation faite par Dudu Harary et Nurit Rutman, co-fondateurs de Bluedax, ses tarifs ont progressé d’environ 3 % en moyenne.
Botswana, BHP, Rio… Difficile de faire des affaires
Tous s’accordent à dire que le niveau de rentabilité reste proche de zéro, que les prix du brut sont trop élevés et que ceux du taillé ne permettent qu’une marge minime. Rien de nouveau sous le soleil. Pourtant, les incertitudes aggravent la situation.
Les fabricants ne sont pas tout à fait satisfaits du déménagement au Botswana. Ils craignent que l’implication croissante du gouvernement n’influence les politiques de la DTC. Une récente réunion à Londres, entre sightholders et représentants du gouvernement du Botswana, a semé la confusion chez les clients de la DTC à propos du déménagement.
Dominion (que l’on baptise encore « anciennement Harry Winston ») a décidé de mettre un terme au système des tenders de BHP Billiton et a licencié de nombreuses personnes compétentes de l’équipe d’Anvers. Le recul de la transparence va à l’encontre de ce que recherchent les banques et la société. Malgré tout, de nombreux négociants préfèrent un système de contrats d’approvisionnement aux tenders. Pour une raison ou pour une autre, ils se montrent assez méfiants de Dominion et de son équipe. La société va devoir s’attaquer au sujet, et le plus tôt sera le mieux. Les problèmes de réputation ne pardonnent pas.
Perspectives
La demande satisfaisante pour les bijoux et le taillé au récent salon de Las Vegas devrait faire progresser la fabrication. Même si cela se traduit par une augmentation de la demande de brut, les prix sont déjà suffisamment élevés (et les détaillants ne déboursent pas plus pour le taillé) pour plafonner les prix, au moins à court terme.
À plus long terme, fabricants et grossistes devront former les détaillants pour qu’ils comprennent les fluctuations des prix du brut et la nécessité d’augmenter les prix du taillé… à l’occasion. Les détaillants ont appris à l’accepter pour l’or. Il n’y a aucune raison qu’il n’en aille pas de même pour les diamants, surtout si les fabricants n’abusent pas. Cela ne devrait pas poser problème si les prix de vente du taillé sont transparents.
Demande pour les principales boîtes de la DTC après le sight de juin
Article | Demande | Remarques sur la demande |
Fine 2,5 à 4 ct & Fine 5 à 14,8 ct | Demande faible pour les 2,5 à 4 ct et demande moyenne pour les 5 à 14,8 ct | Demande inférieure à celle du mois dernier. Se négocie au niveau du tarif ou juste au-dessus. |
Crystals 2,5 à 4 ct & Crystals 5 à 14,8 ct | Demande faible pour les deux boîtes. | Demande inférieure à celle du sight précédent. Se négocie au niveau du tarif. |
Commercial 2,5 à 4 ct et 5 à 14,8 ct | Demande faible pour les 2,5 à 4 ct et demande élevée pour les 5 à 14,8 ct | Demande identique à celle du sight précédent. Les 2,5 à 4 ct s’échangent à moins de 5 % et les 5 à 14,8 ct s’échangent à un peu moins de 10 %. |
Spotted Sawables 4 à 8 gr | Demande moyenne | Demande supérieure à celle du sight précédent. Se négocie à moins de 5 %. |
Chips 4 à 8 gr | Demande moyenne | Demande supérieure à celle du sight précédent. Se négocie aux environs de 5 %. |
Colored Sawables 4 à 8 gr & Colored 2,5 à 14,8 ct | Demande moyenne pour les deux grosseurs | Demande identique à celle du sight précédent. Se négocie aux alentours de 5 %. |
Makeables High 3 gr +7 | Faible demande | Demande identique à celle du sight précédent. Se négocie au niveau du tarif. |
Preparers Low 3 à 6 gr | Demande moyenne | Demande supérieure à celle du sight précédent. Se négocie aux alentours de 5 %. |
1st Color Rejections (H-L) +11/+7 | Très faible demande | Demande inférieure à celle du sight précédent. Se négocie en-dessous du tarif. |
1st Color Rejections (H-L) -7+3 | Faible demande | Demande inférieure à celle du sight précédent. Se négocie en-dessous du tarif. |