Les différences de classement des laboratoires dupent les consommateurs

Edahn Golan

Les divers laboratoires de gemmologie classeraient-ils différemment un même diamant et, dans l’affirmative, est-ce mal ?

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Au premier abord, on peut se demander pourquoi il n’en serait pas ainsi. Il n’existe pas de norme unique, une part de l’opération est sans aucun doute subjective, et chaque laboratoire est libre de fixer ses normes internes. Alors, qui peut dire qu’un laboratoire donné a raison et que les autres ont tort ? Au-delà de la simple discussion théorique, cette question a des conséquences importantes en matière de tarification et même d’éthique. Le prix d’un diamant étant fondé sur ses 4C, le classement d’un laboratoire influe donc sur son prix. Un vendeur peu scrupuleux pourrait tout à fait proposer à un acheteur non averti un diamant classé, disons, H/SI2 par la plupart des laboratoires. Il le présenterait comme un diamant de couleur ou de pureté supérieure, assorti d’un certificat de gemmologie en provenance d’un laboratoire clément, voire d’un « laboratoire interne ». L’amélioration du classement engendre une hausse du prix.

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Ce vendeur n’a pas forcément à exiger le prix du classement supérieur ; même avec un rabais confortable, il augmente ses marges et peut tromper l’acheteur. Après tout, comment le client pourrait-il savoir que tous les laboratoires ne sont pas identiques ?

Bien entendu, rien ne sert de blâmer le laboratoire clément. En fait, les négociants, des professionnels affichant de nombreuses années d’expérience, connaissent bien les tendances des laboratoires. Ils factureront différemment deux diamants classés de la même façon par deux laboratoires distincts. La différence de prix équivaut à une remise que le marché de gros applique aux certificats de classement de différents laboratoires, selon la rigueur que l’on attribue à chacun.

En l’absence de la contribution de professionnels chevronnés, les consommateurs sont facilement dupés. De là, naissent de nombreux problèmes, notamment sur des points juridiques, éthiques et de réputation.

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« Les négociants connaissent bien les tendances des laboratoires. Ils factureront différemment deux diamants classés de la même façon par deux laboratoires distincts. »

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Il y a à peu près cinq ans, IDEX a soumis 22 diamants aux cinq premiers laboratoires et a obtenu des résultats très hétérogènes. Nous avons constaté que certains laboratoires étaient clairement plus stricts que d’autres. D’autre part, plusieurs pierres avaient été classées très diversement en termes de couleurs et de puretés. Rob Bates, rédacteur en chef sénior au JCK, nous a annoncé qu’ils venaient d’effectuer un test similaire avec un diamant. Les différences étaient mineures.

L’impact de Twitter

Cette semaine, une discussion engagée a eu lieu sur Twitter sur la question du classement. Le bijoutier Daniel Gordon, qui travaille à Oklahoma City depuis quatre générations, a tweeté sur les consommateurs qui achètent des diamants à moindre coût, pensant acquérir des marchandises de meilleure qualité. Au lieu de faire une bonne affaire, ils payent en fait trop cher des diamants bon marché surclassés.

Ce fil de discussion sur Twitter a été le plus long que j’aie jamais vu ou auquel j’aie pris part. Nombreux ont été ceux à y participer, y compris des détaillants et des négociants, ainsi que les journalistes Rob Bates et Cheryl Kremkow. Des suggestions ont été apportées, des préoccupations ont été soulevées, mais aucune solution n’a encore été avancée.

Une norme constante

Il a été proposé qu’une norme unique soit fixée pour le classement des diamants, comme cela a été fait pour le poids dans le passé. Rappelez-vous du cylindre vieux de 134 ans, en alliage platine-iridium, et enregistré auprès du Bureau international des poids et mesures, près de Paris, qui sert de norme pour le kilogramme. Pour les diamants, il faudrait un ensemble de règles qui fasse figure de référence unique pour tous les laboratoires.

Or, les choses ne sont pas aussi simples que pour un poids standard, notamment parce que les classements de couleur figurent dans une gamme (et que faire des couleurs en limite de gamme ?) et que la pureté peut être subjective. Mais là où il y a des problèmes, il existe des solutions.

Ce débat est important. Davantage de négociants et de détaillants, mais aussi les laboratoires eux-mêmes, devraient y participer, principalement pour s’assurer que les consommateurs soient informés. Il s’agit là d’une tâche essentielle.

La semaine prochaine, le CIBJO, l’organisme international qui définit la plupart des normes de l’industrie, organise son assemblée annuelle. Il est temps d’exhorter les délégués à examiner le problème, envisager des solutions et faire avancer le sujet. Pendant ce temps, le débat continue en ligne. Il va se poursuivre et conduira au changement.

Source Idexonline