Un article de Moscou, publié simultanément dans deux journaux d’affaires russes lundi, est erroné. Il affirme que la famille Oppenheimer souhaite acquérir des parts du minier russe ALROSA si la société était privatisée cette année.[:]
Selon Vedomosti, des sources proches d’ALROSA, notamment l’un de ses actionnaires, ont affirmé qu’une entité de la famille Oppenheimer aurait exprimé son intérêt pour l’introduction en bourse d’ALROSA. Le journal a également rapporté que le fonds Oppenheimer n’avait pas souhaité répondre aux questions.
James Teeger, porte-parole de la famille chez Ernest Oppenheimer & Son à Johannesburg, a déclaré à PolishedPrices : « Les rumeurs publiées hier dans les médias n’ont aucun fondement. » Il a également confirmé que, lorsque la famille Oppenheimer a vendu sa participation de 40 % dans la De Beers à Anglo American Corporation l’an dernier, les deux parties ont signé une clause de non-concurrence. Elle interdit aux Oppenheimer d’investir dans un diamantaire concurrent pendant deux ans.
Anglo American a refusé de donner des détails. Cependant, James Teeger a rappelé que la restriction courrait du 16 août 2012 au 16 août 2014.
Il a ajouté que « l’interprétation d’Anglo American est correcte… Elle empêcherait la famille Oppenheimer ou ses sociétés associées d’acheter des actions d’ALROSA. »
Des sources de l’industrie russe se sont également montrées sceptiques à la parution des deux articles hier. Elles estiment qu’ils pourraient être imputés au directeur général d’Alrosa, Fiodor Andreïev, pour relever le prix de l’action d’ALROSA et anticiper l’introduction en bourse proposée.
Les articles ont également affirmé que Vladimir Potanine, l’actionnaire majoritaire et actuellement directeur général de Norilsk Nickel, avait fait part de son intérêt pour les actions d’ALROSA. Il est intervenu par l’intermédiaire de sa société moscovite Interros, actionnaire de Norilsk Nickel.
Vladimir Potanine avait tenté d’organiser le rachat d’ALROSA en 1997, grâce à un système de prêt contre actions, par l’entremise de sa banque de l’époque, Uneximbank. Des fonctionnaires et la République de Sakha s’y sont opposés. Uneximbank a ensuite fait faillite, à l’occasion de la défaillance des obligations d’État et de l’effondrement du rouble en août 1998.
Les fonctionnaires de la République de Sakha restent fermement opposés au rachat d’ALROSA par un oligarque, parrainé par des factions du Kremlin. Alexander Matveyev, l’un des deux représentants de Sakha à la chambre haute du parlement russe, a réfuté les rumeurs de vente d’actions. Alexander Matveyev n’a pas souhaité commenté ces « bruits », a-t-il affirmé à PolishedPrices.
Le ministère fédéral des Finances, qui supervise le secteur du diamant, de même que l’agence des propriétés d’État, chargée de la privatisation des participations de l’État, planifient officiellement la vente aux enchères de deux blocs de 7 %. L’un d’eux appartient au gouvernement fédéral, l’autre à la République de Sakha.
Le directeur général d’ALROSA, Fiodor Andreïev, a publiquement recommandé d’augmenter le volume de la participation à vendre. Cette proposition a été rejetée.
Le mandat pour la vente des actions du gouvernement a été confié à Goldman Sachs.
Fiodor Andreïev, certains ministres du gouvernement et au moins un grand oligarque minier, Suleiman Kerimov, se sont prononcés pour un achat stratégique d’une participation de contrôle de la société. Le prix serait majoré pour les banques d’État. Jusqu’à présent, ces plans n’ont pas abouti.
Sergei Goryainov, un grand analyste chez Rough & Polished, la publication de l’industrie russe du diamant, a déclaré que l’annonce de l’intérêt des Oppenheimer n’était que « pure fiction ».
Il a également rejeté la possibilité qu’Interros, qui appartient à Vladimir Potanine, puisse soumissionner pour une participation limitée à 7 %. Sergei Goryainov a affirmé que les fuites dans la presse constituaient « une sorte d’assurance ». Elles offrent une garantie contre le risque que la vente proposée n’attire que peu d’intérêt de la part des acheteurs et ne conduise à un effondrement de la valeur de marché, une fois l’opération clôturée. Sergei Goryainov a averti que toute publicité de ce type est dangereuse. « Le risque est grand que la capitalisation d’ALROSA chute après cela. Sa position sur les marchés financiers connaîtrait alors une forte dégradation. Les raisons de cette nécessité ne sont pas claires. »
Par John Helmer à Moscou.