Le milliard de dollars obtenu par Harry Winston Diamond Corp. (HW) pour la vente de son unité de luxe à Swatch Group AG (UHR) lui assure les fonds nécessaires pour investir davantage dans l’extraction des diamants. L’an dernier, ainsi que l’écrivent Liezel Hill et Christopher Donville dans un article publié par Bloomberg News sur www.businessweek.com le 15 janvier, cette activité a été au minimum deux fois plus rentable que les bijoux.[:]
Le président du conseil et président-directeur général, Robert Gannicott, a déclaré hier que la société torontoise entendait se porter acquéreur des 60 % détenus par le groupe Rio Tinto dans la mine de Diavik.
« Les marges de l’activité minière sont meilleures que celles obtenues [par Harry Winston] en termes de vente au détail », a déclaré Edward Sterck, analyste chez BMO Capital Markets, une société londonienne. En tant qu’actionnaires minoritaires de la mine de Diavik, située dans le nord du Canada, « leur visibilité en matière de perspectives est assez bonne ; selon moi, ils y voient plus de rentabilité à court et moyen terme. »
La vente de son unité de luxe pourrait accroître l’attrait exercé par la société sur les investisseurs recherchant une exposition dans le secteur des mines de diamants, a expliqué Des Kilalea, analyste chez RBC Capital Markets à Londres.
« Si vous étiez un investisseur minier, quelque peu irrité par la confusion de la marque de luxe, c’est une chose qui vous conviendrait, a expliqué Des Kilalea hier par téléphone. Tout à coup, vous disposez d’un producteur de diamants ciblé sur le Canada alors que vous n’en aviez pas encore sous la main. »
Les plans d’expansion
Harry Winston a cherché à augmenter le nombre de ses actifs en diamant après que BHP Billiton Ltd. (BHP) et Rio Tinto, les deux plus grandes compagnies minières au monde, ont annoncé leur intention de se retirer de l’industrie. En novembre, Harry Winston a convenu d’acheter la participation de 80 % de BHP dans la mine Ekati, située dans le nord du Canada, ainsi que ses opérations mondiales de vente et de tri.
Selon les prévisions de BMO, l’achat d’Ekati relancerait la production de Harry Winston et en ferait le quatrième minier de diamants en termes de ventes en 2013, alors qu’il se trouve actuellement en septième position. La société pourrait même progresser à la troisième place, derrière les leaders de l’industrie, la De Beers et OAO ALROSA, si elle rachetait la participation de Rio Tinto dans Diavik, a indiqué Edward Sterck.
Après l’annonce de l’accord, Harry Winston a progressé de 4,4 % hier, à Toronto, la plus forte avancée depuis novembre. Les actions ont pris 0,6 %, pour clôturer aujourd’hui à 14,99 CAD, ce qui porte leur gain à 39 % sur les 12 derniers mois.
La société a publié des ventes de 290,1 millions de dollars et un résultat opérationnel de 48,7 millions de dollars pour son unité d’exploitation minière dans l’exercice clos le 31 janvier, contre 411,9 millions de dollars et 19,4 millions de dollars pour son unité joaillerie.
Endettement zéro
Dans un communiqué publié hier, Harry Winston a déclaré céder son unité de vente de luxe à Swatch pour 750 millions de dollars, et jusqu’à 250 millions de dollars de dettes prises en charge. ˗ anciennement Aber Diamond Corp., la société avait déjà changé de nom en 2007 après l’acquisition de la marque de bijoux de luxe un an plus tôt ˗, a déclaré qu’elle se baptiserait Dominion Diamond Corp. après la finalisation de la transaction avec Swatch.
La vente lui permettra d’achever l’acquisition d’Ekati « libre de toute dette », a expliqué hier Robert Gannicott, 65 ans, dans un entretien téléphonique.
« Cela nous laisse de la marge dans notre facilité de crédit pour conclure une nouvelle transaction, nous allons certainement rechercher d’autres opportunités », a extrapolé Robert Gannicott. Envisager une participation de Rio dans Diavik est « une évidence pour nous car le prix est juste. »
Rio a affirmé, en mars, étudier différentes options pour gérer ses actifs en diamant, notamment sa participation dans Diavik, la mine Argyle en Australie et 78 % de Murowa au Zimbabwe, les mines ne cadrant plus avec sa stratégie. Harry Winston, qui bénéficie d’un droit de premier refus sur la participation de Rio dans Diavik, est moins intéressée par les actifs australiens et africains de l’entreprise, a expliqué Robert Gannicott.
Focus sur le Canada
« Nous nous concentrons sur la partie du monde que nous connaissons le mieux, à savoir le nord du Canada », a-t-il dit.
Harry Winston a annoncé aujourd’hui que le plan de gestion de la mine de Diavik, à l’étude pour l’année civile 2013, prévoit une production d’environ 6 millions de carats, contre 7,2 millions l’an dernier.
L’annonce d’hier fait probablement de Harry Winston un favori pour le rachat de la participation de Rio dans Diavik, a expliqué Edward Sterck de BMO.
Il est difficile d’établir qui pourraient être les autres acheteurs intéressés, étant donné que la De Beers, une unité d’Anglo American Plc (AAL), basée à Londres, « a pour l’instant d’autres chats à fouetter », et que la mine de Mirny, propriété d’ALROSA, basée en Sibérie, souhaite probablement donner la priorité à des actifs russes, a-t-il ajouté.