Bien souvent, le début d’année dans l’industrie est plus révélateur que l’importance pondérée que l’on donne aux ventes de fin d’année. Certes, les deux sont liés, le niveau de réapprovisionnement dépendant naturellement des ventes au détail et les prix s’adaptant à la dynamique respective de l’offre et de la demande.
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Cela est certainement vrai pour le taillé, mais on a le sentiment que le brut doit tenir compte d’autres facteurs. Les demandes de marchandises lors du prochain cycle d’ITO (intention de vendre), qui démarre le 1er avril 2013, en est l’un d’eux. Un autre serait l’annonce faite cette semaine par la De Beers : ses clients non sightholders pourront demander à recevoir un sight dans la prochaine ITO.
L’annonce vient rappeler aux sightholders que leur approvisionnement n’est pas aussi garanti qu’ils le pensaient. Lorsqu’ils vont acheter du brut à prix d’or à la De Beers ces trois prochains mois, ils devront penser à leur ITO de 2013.
Les prix du brut restent leur principale préoccupation ; les marchandises de la De Beers seraient actuellement d’environ 10 % supérieures aux prix du marché. La rumeur qui veut que la De Beers rumine une hausse des prix pour janvier ou février a donc, on le comprend, été reçue avec un sentiment de malaise. Mais les sightholders, qui ont toujours du mal à obtenir des bénéfices de la fabrication, ne voudront pas refuser de marchandises, même hors de prix, tandis que l’on étudiera leur futur approvisionnement.
Cette année a été particulièrement difficile pour les fabricants, qui ont déploré la faible demande de taillé, les prix élevés du brut par rapport au taillé, les faibles marges bénéficiaires qui en découlaient, voire leur absence totale ; bien souvent, ils ont accepté leur approvisionnement contractuel à contrecœur. Parfois, heureusement, ils ne pouvaient pas, ce qui a obligé la De Beers et ALROSA à les « autoriser » à reporter leurs attributions des sights au second semestre. En fin de compte, ce sont les forces du marché qui ont permis de corriger les prix du brut à la baisse au troisième trimestre.
Or, ces refus peuvent encore revenir hanter les esprits des sightholders au cours du prochain cycle d’ITO, dès le 1er avril 2013. Les porte-paroles de la De Beers ont déclaré à Rapaport News que la société a le droit contractuel de ne pas re-proposer une boîte particulière au sein d’une ITO si un sightholder n’a fait part que de peu ou pas de demande pour cette boîte au cours d’une période commerciale. Le porte-parole a ajouté que la De Beers a également le droit de mettre fin à un contrat de fournisseur privilégié (SoC) si un sightholder n’a que peu ou pas demandé ses marchandises d’ITO au cours d’une période commerciale.
Cette perspective peut donc stimuler artificiellement la demande des sightholders au cours des trois prochains mois, d’autant plus qu’ils se heurtent toujours à la concurrence des clients non sightholders aux enchères de la De Beers, candidats à un sight pour 2013.
De toute évidence, l’approvisionnement et le statut des sightholders sont soumis à disponibilités. Compte tenu de la stratégie de faible production de la De Beers tout au long de 2012, il ne faut pas s’attendre à une offre extrêmement volumineuse pour les nouveaux sightholders. La De Beers rappelle sans cesse qu’elle connaît des déficits par rapport à la valeur de l’ITO indiquée au début de la période, en avril 2012. En outre, les ITO de 2013-2014 devraient être inférieures à celles publiées pour l’année en cours, sur fond de demande réduite des sightholders.
Lors du sight de cette semaine, les sightholders ont à nouveau noté que les marchandises de la De Beers étaient onéreuses et ont accepté les boîtes, très sceptiques quant à leur capacité à faire des bénéfices, même si une certaine marge est apparue sur le marché du taillé. La De Beers a déjà soutenu que l’offre contractuelle est en soi relativement coûteuse dans un marché ralenti et qu’elle offre une valeur supérieure lorsque la tendance est à la hausse (un rapport complet sur le sight de décembre de la De Beers sera publié en début de semaine prochaine).
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C’est peut-être vrai. Mais pour l’instant, le brut de la De Beers est jugé cher, comme pendant la majeure partie de 2012. ALROSA a réduit son offre ces derniers mois et conserve un stock important de brut, mais ses rapports des ventes de la semaine dernière notent une certaine amélioration de la valeur de ses marchandises. En outre, la demande a augmenté lors des tenders depuis octobre et les fabricants considèrent que leur valeur s’est accrue.
Toutefois, l’ambiance générale reste à la prudence sur le marché du brut, face à une demande réduite des négociants due notamment à l’absence de fabrication au mois de novembre. Les usines indiennes, qui reprennent lentement leur production après Diwali, ont suffisamment en réserve pour satisfaire leurs besoins immédiats. Il semble pourtant que leur principale préoccupation porte sur les perspectives pour janvier ; ils tentent en effet d’assurer un début d’année rentable pour 2013.
Les négociants ont été encouragés par de récents signes de stabilité du taillé après l’annonce d’une demande satisfaisante pendant les fêtes aux États-Unis. Cela a pourtant alimenté les spéculations sur une éventuelle hausse des prix de la De Beers. Les sightholders ont averti que, dans ce cas, ils devront laisser des marchandises sur la table. Il est toutefois peu probable qu’ils osent en refuser à ce stade car ils pensent à l’année à venir, et aussi parce qu’ils l’ont déjà fait il y a quelques mois.
Même en situation de faible demande et de rentabilité réduite, la concurrence entre les fabricants pour s’approvisionner en brut est plus intense que jamais. Bien entendu, ces tendances opposées reflètent les aspirations à court et à long terme des entreprises du secteur de la fabrication.
Toutefois, pour réussir en 2013, les fabricants devront mieux gérer leur quête insatiable de brut à long terme. Compte tenu de la durée de la récession actuelle, ils feraient peut-être mieux de se concentrer sur la dynamique du marché à court terme pour assurer la viabilité à long terme de leurs activités, plutôt que sur l’approvisionnement à long terme au détriment de bénéfices à court terme.
Trop souvent, les ventes avancent une promesse de hausse des prix du diamant, avec un écart toujours croissant entre une demande en forte augmentation et une offre médiocre. Bien que cela puisse exposer avantageusement les rendements de l’industrie à de possibles investisseurs, l’argument n’a que peu de sens si ces gains sont réalisés au détriment des bénéfices des fabricants. Le plus grand défi pour les fabricants en 2013 sera sans aucun doute d’assurer des marges bénéficiaires durables, de la même façon qu’en 2012, où ils ont eu peu de succès en la matière. Le test aura lieu lors des premiers sights de l’année.
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