D’après les participants au 35ème congrès mondial du diamant, réuni à Mumbai cette semaine, le plus gros problème de l’industrie reste l’absence d’essor de la demande des consommateurs. Viennent ensuite le manque de rentabilité et la nécessité de mettre en place un approvisionnement régulier de brut.[:]
D’autres questions ont été soulevées, notamment la menace posée par les diamants de laboratoire non déclarés. Or, tous ces thèmes doivent être traités dans un environnement économique très incertain.
Ces sujets ont émergé dès l’ouverture du congrès, le 15 octobre. Cette rencontre est une initiative conjointe de la World Federation of Diamond Bourses (WFDB) et de l’International Diamond Manufacturers’ Association (IDMA).
Anoop Mehta, le président de la Bharat Diamond Bourse (BDB), l’un des co-organisateurs du congrès, a été le premier à évoquer l’absence de promotions génériques à l’échelle mondiale. « Nous sommes confrontés à un problème : la demande pour nos produits faiblit », a-t-il déclaré dans son discours d’ouverture.
Vipul Shah, le président du Gem & Jewellery Export Promotion Council (GJEPC), l’autre co-organisateur, a repris le thème en affirmant : « et surtout, nous devons faire progresser la demande pour les diamants dans leur ensemble. Nous devons convaincre les femmes qu’un diamant est éternel et éthique. »
Russell Mehta, le directeur des opérations de Rosy Blue, a recensé dans son discours le principal enjeu pour l’industrie, l’absence de promotion. Selon lui, l’initiative des fournisseurs privilégiés de la De Beers (SoC) a été lancée lorsque l’industrie a reconnu qu’elle devait mieux se concentrer sur le consommateur. « Aujourd’hui, dix ans après le lancement du SoC, les diamants n’ont même pas pu suivre l’inflation, sans parler de la croissance nominale du PIB », a-t-il observé.
Il a poursuivi en déclarant que, entre 1995 et 2011, le marché mondial du luxe est passé de 77 milliards d’euros à 191 milliards d’euros. « Les diamants, soi-disant la cerise sur le gâteau du luxe, n’ont même pas représenté un tiers de cette valeur, s’est-il exclamé. Que se passe-t-il maintenant que la promotion a été réduite à la portion congrue ? » Il a d’ailleurs ajouté que la valeur symbolique des diamants ne devait pas être tenue pour acquise. « Le diamant ne restera le symbole de l’amour que si nous martelons ce message, encore et encore », a-t-il conclu.
Avançant quelques chiffres pour souligner ce point, Russell Mehta a fait observer que, si les dépenses annuelles en promotions génériques de la De Beers, à l’époque où elle s’était engagée dans cette voie, étaient corrigées de l’inflation, elles s’élèveraient aujourd’hui à un montant compris entre 350 millions et 400 millions de dollars. En comparaison, les dépenses publicitaires annuelles d’Apple s’élevaient à 1 milliard de dollars et celles de Microsoft à 1,6 milliard de dollars.
Varda Shine, la PDG de la DTC, a déclaré que près de 5 milliards de carats de taillé, d’une valeur approximative de mille milliards de dollars, avaient été vendus dans le monde à ce jour.
Avi Paz, le président du WFDB, a souligné que l’industrie a dû aborder cette question et les autres dans un environnement économique mondial imprévisible. « Il s’agit d’un moment critique pour l’économie internationale et pour l’industrie mondiale du diamant. Nous sommes ici pour discuter des problèmes auxquels nous sommes confrontés et prendre des décisions courageuses », a-t-il fait observer.
Moti Ganz, le président de l’IDMA, a abordé la deuxième question quand il a observé que « les fabricants, après avoir coupé toutes les ramifications de la filière, ne gagnent toujours pas un dollar de plus qu’avant. Et les seules ramifications qui restent à couper maintenant sont les nôtres. »
Le problème des diamants de laboratoire a été soulevé par Anoop Mehta : « Les diamants synthétiques présentent une grande menace aujourd’hui et seule une totale transparence permettra de restaurer la confiance. Toutes les autres solutions aboutiront à un échec. »
Le premier jour, le congrès s’est particulièrement attardé sur une question : le Kimberley Process (KP) et les appels à le réformer. Susan Shabangu, la ministre sud-africaine des Mines et des ressources minérales, a déclaré que son pays était ouvert à de nouvelles perspectives. « Nous acceptons un examen de ses objectifs et un examen des définitions. Nous voulons également que les modalités des prises de décisions au KP soient redéfinies », a-t-elle affirmé.
L’actuelle présidente du KP, l’ambassadeur américain Gillian Milovanovic a cependant poussé l’industrie à accepter le changement. « Le KP doit adopter une nouvelle définition des diamants du conflit et je demande à ce que les intervenants s’impliquent à ce sujet. Le KP n’est pas un système « à prendre ou à laisser ». Je sais bien qu’une modification de la définition des diamants du conflit fera ré-émerger d’anciennes questions. Mais je suis convaincue que le changement apportera aussi de la stabilité à l’industrie. »
Elle a annoncé que le KP doit œuvrer côte à côte avec d’autres systèmes d’examen.
« Le WDC se penche sur le KP et sur la pertinence de ses actions, a déclaré Eli Izhakoff, le président du World Diamond Council (WDC). Nous ne voulons pas que le KP aborde le domaine des violations des droits de l’homme, il doit s’en tenir à son mandat. À cet égard, l’idée de la présidence du KP servira de base au changement. »
Eli Izhakoff a toutefois souligné : « Le World Diamond Council (WDC) gère le parcours du taillé. » Il a poursuivi en souhaitant un durcissement du système d’examen par les pairs.
Le congrès se termine le 17 octobre.