Exactement 80 ans après la découverte du premier gisement alluvial de la Sierra Leone le long de la rivière de Shongo, le milieu diamantaire du pays est entré dans une ère entièrement nouvelle : il a finalement rejoint les rangs du Botswana, du Canada, de la Russie et de l’Australie en devenant producteur de mines de roches kimberlitiques essentiellement.[:]
Ce développement, donnant lieu à des changements spectaculaires dans le secteur du diamant, a été provoqué par la création du groupe Octéa Diamond et par l’inauguration de sa nouvelle usine de traitement à Koidu, sa mine phare située dans le district de Kono, à 330 km à l’est de la capitale Freetown. Octéa a également l’intention d’exploiter la mine de Tonguma dans le district de Tongo, suite à l’achèvement de l’étude de faisabilité à la fin de l’année.
À partir du prochain trimestre, l’exploitation minière à ciel ouvert de Koidu générera 70 % de la production annuelle de diamants du pays. La bonne gestion, la stabilité, la stabilité des emplois, la certitude de cash-flow à long terme, ainsi que les avantages en termes de développement associés à l’exploitation minière à ciel ouvert et souterraine auront tous un impact sur l’économie nationale de la Sierra Leone.
Le rôle grandissant des diamants dans l’économie
Actuellement, environ 50 % de toutes les exportations du pays concernent des diamants. Bien que le pays recherche des investissements pour d’autres matières premières, le rôle des diamants dans l’économie s’annonce croissant. Le président, le Dr. Ernest Bai Koroma, a salué le lancement du groupe Octéa Diamond récemment créé, en prenant la parole (en vidéo) lors d’une récente soirée de gala, à laquelle ont assisté des actionnaires, des ministres du gouvernement, des diplomates, des ONG, des financiers, des membres de la communauté sierra-léonaise, ainsi que les médias.
Le président Koroma a déclaré : « Notre pays a la chance de posséder une richesse minière considérable, mais notre manière de la gérer est capitale pour la prospérité future du pays et l’amélioration du cadre de vie de ses citoyens. » Il a souligné le rôle d’Octéa « pour l’enrichissement du secteur du diamant ici, dans la Sierra Leone, d’une manière qui reflète l’engagement du gouvernement envers un véritable partenariat de développement et en accord avec les meilleures pratiques internationales. »
Le ministre des Mines et des Ressources minérales de la Sierra Leone, Alhaji Minkailu Mansaray, s’est fait l’écho des paroles du président. Le ministre passe pour avoir apporté une transparence inégalée dans les pays miniers à ce secteur minier en promulguant La Loi de 2009 sur les mines et minéraux (New Mines and Mineral Act 2009). La loi aborde la santé et la sécurité, la protection de l’environnement et le développement de la communauté, et stipule que des résultats sont nécessaires dans tous ces domaines afin d’obtenir et de conserver une licence d’exploitation minière.
Pour les investisseurs étrangers, la loi garantit la propriété, favorise l’exploration et prévoit un cadre clair et transparent pour les droits et obligations. C’est cette loi qui a persuadé l’investisseur de la mine de Koidu d’engager 300 millions de dollars.
La nouvelle usine de traitement de Koidu
La soirée de gala a marqué l’ouverture officielle de la nouvelle usine de traitement (de 180 tonnes par heure) de la mine de Koidu, un aspect essentiel du Koidu Expansion Project, qui va faire passer la production de diamants de 10 000 carats à 45 000 carats par mois pour le troisième trimestre de cette année. « Ceci doublera les exportations de diamants de la Sierra Leone, » déclare Jan Joubert, le directeur général d’Octéa.
Avec un prix moyen estimé entre 250 dollars et 400 dollars par carat, la mine de Koidu produira annuellement plus de 500 000 carats de diamants de haute qualité, pour une valeur d’environ 200 millions de dollars. La nouvelle usine va plus que quadrupler la production actuelle de la mine. En baisse rapide, la production alluviale du pays est estimée à environ 75 millions de dollars par an. Selon les données officielles, la production du pays est estimée à 357 160 carats, pour une valeur de 124 150 581 dollars.
L’exploitation minière dernier cri de Koidu permet d’extraire les diamants de manière totalement automatique. Les dernières chambres d’extraction ne peuvent être ouvertes qu’en présence d’un observateur du gouvernement, d’un expert du gouvernement et d’un représentant des mines. L’exploitation peut ainsi être totalement transparente et les diamants peuvent être suivis à la trace, depuis la mine et sur toute la chaîne de valeur, jusque dans les boutiques de Tiffany & Co., le joaillier le plus renommé du monde et partie prenante majeure dans la mine de Koidu en vertu de l’accord d’enlèvement qu’il a signé avec le groupe Octéa Diamond.
Les avantages économiques pour la communauté et pour le pays
La mine de Koidu emploie 1 570 salariés permanents, dont 90 % sont sierra-léonais. Un calcul approximatif réalisé par le Chef suprême Paul N. Saque, qui est à la tête de la chefferie de Tankoro dans laquelle se trouve la mine, indique que « plus de 20 % des quelque 350 000 habitants du district de Kono, qui est assez peuplé, dépendent économiquement de la mine de Koidu, directement et indirectement. »
Lors de l’inauguration de la nouvelle usine, le Chef suprême a rappelé que « pour la première fois dans l’histoire de la Sierra Leone, une communauté minière comme la nôtre s’est vu offrir l’opportunité de négocier un accord de relocalisation avec une société minière. C’est aussi la première fois qu’une communauté a eu l’autorisation de négocier directement un accord de développement communautaire concernant le partage des bénéfices du projet, » a déclaré le Chef Paul N. Saque.
L’exploitation à ciel ouvert de roche kimberlitique requiert un abattage à l’explosif fréquent, pour briser la roche et « libérer » le minerai diamantifère. Cette activité nécessite de nombreuses mesures de sécurité pour protéger les salariés et les personnes habitant à proximité. C’est pour cette raison que le groupe Octéa Diamond a engagé un programme de relocalisation pour les villageois habitant dans la zone sous bail. Un mur a été construit autour des 4,9 km2 de terrains miniers afin d’empêcher les gens de pénétrer dans la zone d’exploitation et de protéger les villageois des impacts des explosions. Environ 500 maisons ont été construites ou sont sur le point de l’être, le but étant d’améliorer considérablement le niveau de vie de quelques milliers de personnes.
Les zones de relocalisation de la mine de Koidu comprennent aussi quelques mosquées et églises, plusieurs écoles primaires et secondaires, ainsi qu’un marché d’échanges, des zones commerciales et un centre médicosocial impressionnant. Ce dernier a été inauguré l’année dernière par Andy Hart, le vice-président de Tiffany & Co., afin de souligner la participation du joaillier dans le projet de Koidu. Cependant, le plus grand avantage offert à ces villageois pourrait bien être l’eau potable du robinet que la mine a permis d’obtenir, chose qu’aucun des villageois n’avait connue auparavant.
De plus, les gérants de la mine ont construit ou réaménagé environ 100 kilomètres de routes dans le district est de Kono, ouvrant ainsi des couloirs d’échanges et de transport pour de nombreuses communautés, dont le territoire était jusque-là pratiquement inaccessible.
Le gouvernement central profite largement de ce projet. Les redevances, l’impôt sur les sociétés, la taxe d’exportation (de 6,5 % contre 3 % pour la production alluviale), ainsi que les frais de bail offrent à la mine « l’honneur » de devenir le premier contribuable du pays.
La création du groupe Octéa Diamond
« Inspirés par notre réussite à Koidu, ainsi qu’à Tonguma, nous avons entrepris une importante opération de restructuration vers la fin 2011 pour permettre au groupe d’investir dans d’autres projets d’exploration et de développement dans la Sierra Leone, explique Jan Joubert, le directeur général d’Octéa. Nous avons choisi le nom Octéa pour évoquer les caractéristiques octaédriques des diamants provenant de nos gisements dans la Sierra Leone. »
Jan Joubert l’explique, le groupe Octéa Diamond a créé quatre filiales à 100 % : Octéa Mining Ltd, Octéa Diamonds Ltd, Octéa Services Ltd et Octéa Foundation.
« Octéa Mining Ltd possède maintenant les actifs miniers du groupe, dont la mine de Koidu, jusque-là nommée « Koidu Kimberlite Project » et détenue par Koidu Limited, anciennement Koidu Holdings, constate Jan Joubert. Elle inclut aussi le projet de Tonguma détenu par Tonguma Limited. Une demande de permis d’exploration à l’est de Koidu a été déposée par la société Broom Ltd, récemment créée. »
Octéa appartient entièrement à BSGR, une société de ressources naturelles diversifiée, très présente en Afrique de l’Ouest ; en partenariat avec Vale, BSGR développe en Guinée une des plus grandes mines de minerai de fer au monde et a investi, depuis 2003, plus de 300 millions de dollars dans l’expansion de la société et l’amélioration des conditions de vie des communautés environnantes.
Octéa a l’intention d’investir dans d’autres projets d’exploration et de développement dans la Sierra Leone et cherchera en conséquence à attirer des partenaires financiers pour procéder à un nouvel investissement significatif dans le secteur minier du pays. La présence de nombreuses grandes banques internationales à l’inauguration de l’usine de Koidu témoigne de l’intérêt de la communauté bancaire.
Jan Joubert ne cache pas ses ambitions personnelles : « Le groupe Octéa Diamond produira environ 2 millions de carats par an d’ici 2018 », prévoit-il avec confiance, déclarant que ces estimations pourraient bien être pessimistes. Aux niveaux de prix actuels, cela ferait bien plus de 700 millions de dollars par an…
Une mine à double ciel ouvert, en passe de devenir souterraine
Le gouvernement actuel a réexaminé toutes les licences minières. Il en a annulé un certain nombre en raison du manque de progrès ou de viabilité des projets et a accordé au reste des détenteurs de licence une énorme confiance et un bail assuré. Le bail minier de Koidu est valable jusqu’en juillet 2030, avec possibilité de le prolonger de 15 ans. La propriété dispose de deux cheminées de kimberlite adjacentes, K1 et K2, et de quatre zones de dykes kimberlitiques, le long desquels ont été découverts quatre petites zones d’élargissement.
Après une exploitation minière de cinq ans à ciel ouvert, une transition vers un procédé d’exploitation souterraine est prévue, pour une période supplémentaire de 12 ans. Rien qu’à la mine de Koidu, le total des réserves probables (au 31 décembre 2010) était estimé à 4,2 millions de tonnes, avec un calibre de 0,44 carat par tonne. Cependant, en tenant compte d’un autre paramètre géologique, le total des ressources indiquées est estimé à 10,2 millions de tonnes, avec un calibre de 0,54 carat par tonne. Cela se traduit par une production à venir de 5,5 millions de carats, essentiellement du brut de grande qualité.
Koidu est le plus grand contribuable de la Sierra Leone. De plus, les redevances qu’il paye sur les diamants, c’est-à-dire 6,5 % des exportations, se montent à plus du double de celles versées pour les exploitations alluviales. Un rapport du FMI remarque que « en reconnaissance des difficultés de perception des redevances dues par les producteurs de diamants artisanaux/alluviaux et de la forte baisse de la contrebande à l’exportation de diamants alluviaux, la taxe de 6,5 % a été réduite au taux initial de 3 % pour la production minière artisanale. »
L’importance du groupe Octéa Diamond ne doit pas être perçue du seul point de vue des revenus pour le gouvernement. Après 80 ans d’exploitation minière alluviale, ces gisements sont pratiquement épuisés. Au plan institutionnel, la plupart des avantages financiers n’ont pas aidé l’économie dans son ensemble. L’exploitation alluviale vit ses dernières décennies. L’avenir des diamants de la Sierra Leone repose sur le développement des rares gisements primaires de kimberlite qui ont été découverts jusqu’à présent. Ils représentent aussi bien le défi que la mission du groupe Octéa.