Le marché au premier semestre 2012 s’est montré très différent de celui du premier semestre 2011. Entre liquidités, prix du taillé et demande des consommateurs, les conditions n’étaient manifestement pas aussi bonnes. Les conditions macroéconomiques continuant à se détériorer, le marché ne cesse de fléchir ; toutefois, les principaux fournisseurs de brut, la De Beers et Alrosa, parviennent à ne pas baisser les prix, aboutissant à une situation que beaucoup qualifient avec insistance de non viable.[:]
L’indice Diamond Index de Rapaport montre que les prix du taillé ont non seulement diminué en juin mais que, pour de nombreuses catégories, ils ont également connu une forte baisse en glissement annuel au premier semestre. Dans le cas des 0,30 carat, par exemple, la baisse des prix en juin atteignait 1,2 %. Ils ont reculé de 3,7 % au 1er semestre 2012 ; or, par rapport à la même période en 2011, les prix étaient inférieurs de 21,6 %.
Le marché reste nimbé de prudence, les conditions macroéconomiques pesant sur les finances et la confiance des consommateurs. La majeure partie des achats récents ont été effectués dans un but bien précis. Les acheteurs ont la plupart du temps cessé leurs opérations spéculatives et ne se constituent pas de stocks. Les achats étaient généralement destinés à satisfaire des commandes et, en juin, l’activité du marché a presque totalement cessé.
« Le marché est vraiment calme. L’Asie n’achète pas autant que par le passé, a déclaré à Rapaport News Reuven Kaufman, président du Diamond Dealers Club. Selon moi, les gens attendent de voir ce qui va se passer. »
Malgré les conditions actuelles, Reuven Kaufman explique que les différents acteurs ne paniquent pas et n’ont pas décidé de se débarrasser de leurs marchandises. Apparemment, ils se laissent porter par le courant du marché, en espérant qu’il ne s’agit que d’une phase d’un cycle.
« D’après nos informations, les entreprises newyorkaises sont solides et financièrement stables pour le moment. Les professionnels peuvent se permettre de se cantonner aux marchandises qu’ils possèdent, imaginant que le marché connaît une anomalie quelconque, et d’attendre la fin de l’été que la demande revienne. L’Asie se reprendra, a-t-il ajouté. Nous restons optimistes mais prudents quant à l’avenir. »
Les États-Unis demeurent la référence du secteur ; dans ce pays, le marché de grande consommation est resté stable. Or, la majeure partie de la demande s’oriente vers les franges supérieures et inférieures de la gamme. Les pierres rares et fantaisie continuent de bien se comporter ; toutefois, chez le consommateur moyen, le nerf de la guerre reste le caractère abordable des marchandises. Ils sont désormais prêts à sacrifier la qualité.
Dans le monde, les liquidités se sont faites plus rares, situation particulièrement problématique en Inde, également aux prises avec une hausse de l’inflation et un grave affaiblissement de la roupie. Le coût du remboursement des prêts augmente, tout comme l’achat de dollars destinés à acquérir des diamants ; la rentabilité s’amenuise sur le secteur.
Les incertitudes économiques s’accentuent partout dans le monde, notamment concernant les conditions aux États-Unis et sur d’autres marchés tels que l’Extrême-Orient, et particulièrement en Chine, où l’appétit pour les diamants est en berne. Les prix du taillé sont ainsi soumis à une pression croissante.
Malgré un ramollissement global du marché, les prix du brut de la De Beers et d’Alrosa restent fermes.
Les prix ont baissé pour le brut du marché secondaire et des tenders de production minière. Les petites et moyennes entreprises ont connu un recul des prix allant jusqu’à 20 % au 1er semestre. Pourtant, les grands producteurs tentent de faire naître un environnement qui défierait les mécanismes de base du marché.
Rapaport estime que les ventes de la De Beers ont chuté de 19 % en glissement annuel, à environ 2,83 milliards de dollars au 1er semestre. Pourtant, l’agence estime que les prix de la DTC ont augmenté de 5 % au cours de la même période. Alrosa a également signalé une augmentation de 5 % au 1er trimestre et prétend avoir maintenu ces niveaux depuis lors.
La De Beers et Alrosa ont obstinément résisté aux démarques habituelles sur le marché ; beaucoup martèlent que la situation est insoutenable. Non seulement la demande a ralenti, mais les prix du taillé ont chuté l’année dernière. Plus les baisses sont fortes et plus les tarifs des majors contraignent les marges des fabricants et des négociants. Les sightholders rapportent de plus en plus souvent une rentabilité faible, voire nulle sur leur achats à la De Beers et à Alrosa. Une fois ces diamants sur le marché secondaire, ils s’échangent souvent au niveau du tarif ou en dessous.
Lors d’un sight de juin de la De Beers, les sightholders ont semblé prêts à réagir et ont refusé les marchandises proposées. En retour, la DTC a annoncé qu’elle autoriserait des reports allant jusqu’à 50 % des futures attributions, à condition que les marchandises soient acceptées avant mars 2013.
Ce pourrait être le début d’une période très intéressante. Rapaport précise que la De Beers et Alrosa ont maintenu des prix à un niveau tel qu’il en est irrationnel. Les sightholders devraient continuer de refuser les marchandises à ces tarifs. Certains considèrent que les prix du brut devront baisser au second semestre.
La confiance des consommateurs devrait rester faible dans la plupart des régions à court terme. Dans toute la filière, les participants pourraient rester prudents et continuer à rechercher des baisses de prix. Le second semestre devrait être chargé de défis pour l’industrie du diamant.