Global Witness a appelé à agir rapidement pour empêcher un homme d’affaires chinois de financer le régime militaire du président Robert Mugabe au Zimbabwe. Selon le rapport du groupe publié aujourd’hui, « Financing a Parallel Government? » (Financement d’un gouvernement parallèle ?), Global Witness a révélé que la Central Intelligence Organisation (CIO) du Zimbabwe avait reçu des fonds d’un homme d’affaires basé à Hong-Kong, alors même que la CIO se serait engagée dans une campagne destinée à discréditer les principaux membres de l’opposition.
[:]
Selon Global Witness, les membres de la CIO contrôlent ensemble Sino Zimbabwe Development (Pvt.) Ltd., une société de développement immobilier, de coton et de diamants au Zimbabwe. Leur associé est l’homme d’affaires Sam Pa, un membre éminent du Queensway Syndicate, un réseau de sociétés accoutumées à négocier des ressources opaques destinées aux transactions sur les infrastructures en Afrique.< Le rapport a également dévoilé qu’un avocat militaire zimbabwéen possède la moitié d'Anjin Investments (Pvt.) Ltd., la plus grande entreprise de diamants dans les mines de Marange, au nom du ministère de la Défense zimbabwéen. « Compte tenu de la réputation de violence de la CIO et des militaires, nous craignons que cet argent ne serve à financer des violations des droits de l’homme à l’occasion des prochaines élections », a déclaré Nick Donovan, de Global Witness.
« Le financement hors budget du secteur de la sécurité nuit à la démocratie du pays en annihilant le contrôle civil sur les principaux organes de l’État. La communauté internationale devrait enquêter sur les activités de Sam Pa, Sino Zimbabwe Development et Anjin Investments pour découvrir si leurs actions justifient l’imposition de sanctions bien ciblées, telles que le gel des avoirs ».
Les informations apportées à Global Witness par des sources présentes au sein de la CIO ont suggéré que Sam Pa a fourni des fonds et du matériel à l’organisation en contrepartie d’un accès aux secteurs de l’immobilier, des diamants et du coton au Zimbabwe. Un document de la CIO a confirmé un soutien financier de 100 millions de dollars, accompagné de 200 camions.
Deux sources ont également déclaré à Global Witness que de l’argent avait été affecté par la CIO à l’opération Spiderweb, des activités clandestines visant à discréditer le responsable du parti d’opposition à Robert Mugabe, le premier ministre Morgan Tsvangirai, ainsi que les personnes qu’il a nommées, le ministre des Finances Tendai Biti et le ministre de l’Industrie Welshman Ncube. Global Witness n’est toutefois pas en mesure de confirmer l’existence de ces programmes. « Nous avons donné à M. Pa la possibilité de s’expliquer sur ces conclusions, mais il n’a pas souhaité répondre », a déclaré Nick Donovan.
Bien qu’Anjin Investments prétende être le plus gros minier de diamants au monde, Global Witness a révélé cette année que les membres du conseil exécutif de la société comptaient dans leurs rangs des officiers militaires et des responsables de la police, gradés ou retraités, ainsi que le secrétaire permanent au ministère de la Défense, Martin Rushwaya, un loyaliste du parti de Robert Mugabe. Or, cette semaine, Global Witness a révélé que 50 % des actions d’Anjin appartiennent au général de brigade Charles Tarumbwa, le juge-avocat général au ministère de la Défense, agissant par l’intermédiaire de Matt Bronze (Pvt.) Ltd, un front pour l’armée zimbabwéenne.
« Depuis que le ZANU-PF a perdu le contrôle du ministère des Finances, ses membres semblent s’être engagés dans une chasse aux financements hors budget pour l’armée et la police secrète », a expliqué Nick Donovan. « Le gouvernement civil du Zimbabwe doit exercer un contrôle démocratique sur les budgets des forces de sécurité. Dans le cas contraire, il existe un véritable danger qu’émerge un État à la sécurité souterraine, détenant un monopole sur la violence et les sources de financement occulte ».