Il faut tirer la sonnette d’alarme. En octobre 2007, près d’un an avant que Lehman Brothers ne dépose son bilan, les grands indices boursiers avaient atteint un sommet ; ils ont ensuite commencé à chuter, pour finir par se stabiliser en février 2009. Cette chute a constitué un avertissement précoce et sans précédent. [:]Je ne suis pas certain de l’impression avec laquelle les gens sont ressortis des différents salons de cette semaine à Las Vegas, sans doute globalement positive. Selon une enquête d’IDEX Online, 80 % des personnes interrogées ont jugé que les affaires étaient « bonnes » ou « que ça allait », les 20 % restants ont trouvé qu’elles étaient « inférieures aux attentes basses ».
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Si l’on considère que les attentes étaient basses et que les participants ont été satisfaits par le salon, il y a de fortes chances qu’objectivement, les affaires n’aient, après tout, pas été si bonnes que cela. Ces résultats cachent un avertissement.
Les États-Unis sortent lentement de cette situation difficile. Toutefois, étant donné que nous sommes dans une année électorale, de nombreux discours sont axés sur l’économie ; l’administration n’engagera aucune mesure impopulaire en vue de poursuivre la croissance.
En Europe, la situation est très difficile. La région de Vicence en Italie constitue un bon microcosme. Épicentre de la fabrication de bijoux et de textiles, il s’agissait auparavant de l’une des plus grandes économies d’Europe, placée sur un pied d’égalité avec certains pays. Elle est aujourd’hui confrontée à un fort taux de chômage, les emplois étant déplacés vers l’Extrême-Orient.
Un bijoutier prospère résidant à Vicence m’a dit qu’il se sentait mal à l’aise de se déplacer en ville au volant de sa voiture de collection, ces jours-ci. « Comment oser alors que tant de personnes n’ont plus de travail ? C’est tout à fait déplacé. »
Une série d’élections en Europe a apporté un certain changement, non pas un virage à droite ou à gauche, mais plutôt le renouvellement des personnes en poste. Nous avons pu constater une montée des petits partis marginaux promettant des changements qui semblent agréables, mais sont en fait incapables d’améliorer l’économie. Pire encore, ces partis ne sont pas en mesure de tenir leurs promesses et la stagnation va faire empirer la situation.
La Grèce en est le précurseur. Les récents résultats électoraux ont simplement conduit à la convocation de nouvelles élections.
Dans le monde arabe, autre marché important pour les bijoux, la situation est politiquement très instable. Les émeutes en Égypte, une guerre civile sanglante interminable en Syrie et les tensions persistantes autour de l’Iran et de son programme nucléaire risquent bien de maintenir la nervosité dans la région pendant un certain temps.
L’Inde souffre de l’instabilité de sa monnaie. Contrairement aux États-Unis et à l’Europe, économies principalement orientées vers les services et la finance, l’Inde se spécialise dans la fabrication. Elle a pour cela besoin d’une monnaie stable, qui assure la compétitivité de ses exportations.
Les consommateurs souffrent également de la situation. Bien que la valeur de l’or en dollars soit en baisse, du fait des fluctuations de la roupie, la question du prix est essentielle pour un consommateur indien. Rien ne suscite la confiance en ce moment, d’où des ventes en chute libre.
Les derniers sommets de la bourse, principalement vers décembre 2009, ne ressemblent en rien à ceux observés en 2007. La tendance à la baisse semble donc moins dramatique, mais elle persiste malgré tout.
Depuis le mois de mai, les baisses sont plus marquées. S’agirait-il d’une nouvelle alerte anticipée ? Les faibles attentes pour le salon de Las Vegas étaient-elles raisonnables ? Oui, en effet.
Sur le marché du taillé, la demande est sporadique et spécifique. Les négociants ne veulent pas conserver de stock ni spéculer. Les sightholders, comprenant qu’ils n’ont pas besoin de beaucoup de brut pour l’instant, ont demandé un report de leurs allocations plus important que d’habitude.
Une étape révélatrice nous attend : le salon de la joaillerie et des pierres précieuses de Hong-Kong à la fin du mois. Si la demande est faible, l’été sera morose. L’économie mondiale nous l’affirme : « attendez-vous à ce que les choses s’aggravent. » Vous voilà prévenus.
