La mine de diamants secrète, le retour

Edahn Golan

Une fois de plus, les chiffres américains du brut montrent un déséquilibre. Sur les 630,3 millions de dollars de marchandises importées aux États-Unis, seuls 206,5 millions y sont restés, soit moins d’un tiers des marchandises (en valeur). La question a été discutée ici plusieurs fois par le passé mais, la semaine dernière, l’International Trade Commission (ITC) au ministère du Commerce publiait les derniers chiffres pour 2011, offrant ainsi une toute nouvelle perspective à la bizarrerie des chiffres. Les États-Unis, qui assurent la présidence du Kimberley Process cette année, ont importé un peu plus de 0,7 million de carats de brut en 2011 et exporté près de 1,1 million de carats, soit 0,4 million de carats de plus qu’en importations.[:]

Précédemment, nous plaisantions au sujet de la mine de diamants secrète qui se cacherait aux États-Unis, mais avec 0,36 million de carats d’exportations excédentaires en 2011, les États-Unis ont exporté 7,4 millions de carats de plus qu’ils n’en ont importé depuis 2000.

D’où viennent toutes ces marchandises ? C’est un mystère.

Les chiffres ne concordent pas non plus avec les rapports du KP. Selon ce dernier, les États-Unis ont présenté des importations nettes de 1,8 million de carats entre 2004 et 2010. Selon le gouvernement américain, le pays afficherait des exportations nettes de 2 millions de carats.

Les écarts sont importants et profonds. En valeur, le KP et l’ITC sont suffisamment proches pour que l’on ignore les différences. En effet, pour calculer la valeur d’un produit importé, les États-Unis englobent le fret et l’assurance tandis que presque partout ailleurs, le calcul se fait franco à bord, à savoir que l’on utilise la valeur nette des coûts ajoutés.

On ne peut pas en dire autant du volume, sauf s’il existe des balances réservées aux exportations, qui pèsent différemment des balances utilisées pour les importations…

Globalement, la valeur moyenne du brut a augmenté d’environ 24 % en 2011. Et bien que les importations américaines augmentent de 20,3 % par rapport à 2010, le volume des importations a bondi de 81,1 %, abaissant ainsi la moyenne des importations de 33,6 %, à l’opposé des tendances mondiales.

Si on lui accorde le bénéfice du doute, on peut estimer que le fonctionnement de l’industrie américaine évolue mais il n’existe aucune preuve objective à l’appui.

Les problèmes demeurent. N’importe quel produit est soumis à un certain nombre de codes douaniers internationaux, utilisés pour contrôler les importations et les exportations. Selon un accord international né du Kimberley Process, tous les pays doivent appliquer les codes HTS (tarif douanier harmonisé) pour contrôler le brut. Les trois codes HTS pertinents (pour la qualité précieuse, la qualité industrielle et le non trié, c’est-à-dire les deux catégories précédentes réunies) sont en fait imprimés sur les certificats du KP.

Toutefois, selon l’ITC, quasiment aucun diamant brut n’a été importé aux États-Unis ces dix dernières années en vertu des codes HTS. Les chiffres cités ci-dessus ont été consignés dans le contexte d’un code différent.

Le commerce américain est décalé du commerce mondial, et pas seulement en  valeur. Pour Chaim Even-Zohar, analyste, le facteur le plus évident qui expliquerait les volumes d’échange de brut à destination et en provenance des États-Unis est le blanchiment d’argent.

« Le problème, c’est que les États-Unis sont parfaitement incapables de respecter les exigences minimales du KPCS (système de certification du Kimberley Process). D’autre part, les blanchisseurs d’argent sale du monde entier voient en ce pays un lieu favorable pour blanchir et garantir des certificats « respectables » [du KP] », a-t-il déclaré il y a deux ans. Cela n’a pas changé.

À l’heure où nous recherchons plus de transparence, plus de surveillance et une image publique plus propre, nous devons améliorer nos capacités de suivi, de rapports et d’examen du commerce de brut aux États-Unis. Il est grand temps que cela change, et le plus tôt sera le mieux.

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