La Coalition de la société civile exhorte le Kimberley Process (KP) à prendre position contre les diamants russes et à assumer le fait que sa définition actuelle des diamants du conflit n’est pas suffisamment large.
« Le fait que le KP ne soit même pas capable de débattre pour savoir s’il doit continuer à certifier les diamants russes comme exempts de conflits prouve ce que la Coalition de la société civile du KP dénonce depuis des années, à savoir que le système mondial des diamants du conflit est obsolète », a déclaré la coalition mardi 14 juin.
La Coalition de la société civile demande au KP de s’accorder sur l’élargissement de sa définition des diamants du conflit lors de sa prochaine réunion intersession au Botswana, prévue du 20 au 24 juin. Le nouvel énoncé devrait inclure les diamants associés à une violence répandue ou systémique et à de graves infractions des droits de l’homme, quels que soient leurs auteurs, a expliqué la coalition.
Elle a également demandé à ce que le KP suspende la participation de la Fédération de Russie jusqu’à ce qu’elle mette un terme à l’invasion de l’Ukraine et élabore un agenda de réformes qui lui permettrait une prise de décisions plus flexible, au lieu de devoir recourir au consensus.
Des répercussions larges
« L’absence de coordination internationale plonge le secteur diamantaire dans la crise la plus importante depuis celle des diamants du conflit à la fin des années 1990, qui a posé les bases du KP, a expliqué la coalition. Les associations de l’industrie diamantaire se retrouvent en mauvaise posture en raison de leurs liens avec le minier d’État russe ALROSA. Plusieurs des principales sociétés mondiales de diamants et de bijoux ont, en l’absence de sanctions internationales, décidé unilatéralement d’arrêter de s’approvisionner en diamants russes, lesquels représentent un tiers de l’offre mondiale. »
L’élargissement de la définition des diamants du conflit est sur la table depuis des années, freiné par la nécessité d’obtenir l’unanimité et par quelques pays membres qui traînent des pieds.
L’absence de réaction à l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février de la part de certains organes gouvernants dans l’industrie a également créé un point d’achoppement. Les marques de bijoux de Kering que sont Boucheron, Pomellato et Qeelin, tout comme Richemont, LVMH, Watches of Switzerland et Pandora ont quitté le Responsible Jewellery Council (RJC), s’offusquant du retard de décision vis-à-vis de la suspension du géant de l’extraction russe ALROSA. La directrice de l’organisation, Iris Van der Veken, a démissionné pour cette raison. Parallèlement, les détaillants de bijoux comme Chopard, Tiffany & Co. et Signet Jewelers ont arrêté d’acheter des diamants russes après les sanctions imposées au pays. Tiffany a indiqué qu’elle n’importerait plus de diamants d’origine russe fabriqués dans d’autres pays même si, à l’époque, cela était autorisé.